Ci dessus une horreur aseptisée, américanisée même et faussement romantique...
C'est en cherchant à éclaircir ce qu'à raconté Montaigne dans son journal de voyage à propos de prêtres portugais qui se seraient épousés de mâles à mâles à la messe que je suis tombé sur 2 textes intéressants.
Voici quelques précisions et une découverte qui ne va pas manquer d'intéresser "Isik" quoique son érudition, dans le domaine de l'historiographie des "millieux gays" est infiniment supérieure à celle de votre humble serviteur.
Du mariage romain au mariage catholique après 1215
Le premier, d'un certain Damien Boquet, daté du 9 janvier 2013 a l'avantage de bien remettre les pendules à l'heure concernant l'évolution du mariage et de ses contenus de la Rome païenne au catholicisme tardif et pas seulement. En effet, il résume de façon assez admirable les différences entre Grecs et Romains quant à la perception de ce que nous appelons "homosexualité" depuis le XIXème siècle et surtout les limites de ce qui était permis dans ce domaine. Voir :
https://emma.hypotheses.org/1659
Les cathos, et particulièrement les factions intégristes, osons le dire, nous emmerdent avec leur vision rigide du mariage car elles est tardive. Le mariage catholique ne date du concile de Latran (1215). Ils conviendraient, chaque fois qu'il milite, de les envoyer carrément se faire foutre et de nous lâcher la grappe avec leurs hantises !
J'ajoute que l'homo-sociabilité qui a marqué tout le moyen-âge fournissait un cadre correct au besoin d'amitiés viriles que pouvaient ressentir les gens de cette époque et cela a permis d'éviter le genre d'ignoble parodie carnavalesque qu'on est obligé de se farcir chaque année à l'occasion des spectacles féliniens auquel donnent lieu les Gay Pride. Une pratique assez libre de l'adoption permettait à deux hommes de se considérer comme frères et de gérer en commun des biens ou de se prêter une assistance réciproque. Il aurait fallu en rester là !
Mais à mesure que les femmes ont pris de l'importance (et ça avec la vogue de l'amour courtois et le besoin d'encourager la natalité après les épidémies de peste noire), on a assisté à une véritable inversion qui se solde avec l'apparition d'un certain "féminisme radical" ou des "gouines rouges" tiennent le faut du pavé... Pour l'instant, les mâles culpabilisés courbent l'échine mais en ce qui me concerne, étant innocent de toute espèce de mauvais traitement à l'égard d'une femme, je n'entends pas me soumettre à ces harpies.
Voilà donc un texte de nature à clouer le becs des leaders des diverses sectes nostalgiques d'un régime pourri qui a fait son temps.
Une élucidation du témoignage de Montaigne en 1581
Ci-dessus une vue actuelle de l'église où auraient eu lieu des mariages entre hommes relatés par Montaigne...
Le texte du compte-rendu est en anglais. En voici une bonne traduction en français :
Gary Ferguson. Le mariage homosexuel à Rome Renaissance: la sexualité, l' identité et la communauté dans l'Europe moderne. Ithaca: Cornell University Press, 2016. 232 pp 35,00 $ (tissu), ISBN 978-1-5017-0237-2..
Evalué par Catherine Fletcher (Université de Swansea) Publié le H-Histsex (Mars 2017) Commandé par Katherine Harvey
Au cours de ses voyages à Rome en 1581, l'essayiste français Michel Montaigne dans son journal l'histoire curieuse d'une cérémonie de mariage de même sexe qui avait eu lieu dans la ville quelques années auparavant.
Un groupe d'hommes se sont réunis à l'église de San Giovanni a Porta Latina, en marge de Rome. Ce fut un lieu plutôt négligé, habité par un Portugais, Marco Pinto, qui peut avoir été le gardien de l'église, et avoir rassemblé autour de lui quelques jeunes « ermites » (et partenaires sexuels). San Giovanni a été un site pour les réunions régulières d'un groupe d'hommes qui avaient des relations sexuelles entr'eux, et ils avaient prévu pour le 20 Juillet 1578, un mariage pour deux de leurs membres, et un banquet.
Le mariage prévu n'a pas eu lieu, pour l'un des partenaires, un palefreniers étant malade.
Le pire était à venir: le projet a été découvert et les participants arrêtés. Huit d'entre eux auraient été brûlés sur lun bûcher.
La relation par Montaigne de ces événements a été supprimé ou expurgée par des copistes au début, mais il a été inclus dans l'édition 1774 du Journal de voyage, avec la note d'un éditeur qui décrit l'affaire comme un « sacrilège et monstrueuse impiété » (p. 13).
Ce dont il est question a constitué le point de départ d'un enquête de micro histoire de Gary Ferguson, moyennant un travail de détective en archives qui remet en question les opinions dominantes sur l'identité sexuelle au début de l'Europe moderne.
A côté de Montaigne, Ferguson évoque d'autres aspects de cette affaire: lettres de diplomates, des fragments du procès, et les dossiers de la Confraternité de San Giovanni Decollato (qui a offert réconfort aux prisonniers condamnés).
Il identifie les huit hommes condamnés: les Portugais Marco, six Espagnols (Gasparo, Francisco, Girollimo, Antonio, Bernardo et Alfonso), et Baldassare, de l'Albanie de Venise.
Les fragments du dossier d'essai survivants révèlent que trois autres hommes ont été arrêtés, mais l'exécution évité; d'autres semblent avoir échappé aux autorités. Un bulletin d'information à la banque Fugger (?) a rapporté que les documents d'essais originaux ont été incendiés, « afin d'en effacer toute la mémoire » (p. 85). Le détail précis de ce qui est arrivé le jour reste obscur: Ferguson suggère l'existence d'un caractère ludique; la possibilité d'une certaine gravité et la dimension collective et communautaire.
Le cas est aussi fascinant pour l'intersection de cette communauté sexuelle avec d'autres groupes marginalisés à Rome de la Renaissance.
La plupart des hommes que nous rencontrons dans cette histoire étaient des migrants.
Leurs interrogateurs étaient désireux de découvrir s'ils avaient des relations sexuelles avec des jeunes juifs.
Un bulletin d' information envoyé au duc d'Urbino fait référence aux Espagnols comme marranes, un mot péjoratif pour les Juifs convertis. Les faits de ces liens entre les communautés à la périphérie de la ville sont difficiles à cerner. Ferguson note à ce sujet « un aperçu fugace ... d'une culture sexuelle coupant à travers les clivages religieux et des points communs, et même une solidarité apparente, entre deux groupes marginaux » (p. 104).
L'importance de ce livre réside dans ses deux grands défis à l'historiographie existante. Comme Ferguson le reconnaît, au début de l'Europe moderne, il était un modèle assez fixe des rôles sexuels pour les hommes ayant des rapports sexuels entre hommes: plus jeunes et/ou de rang inférieur hommes se contetant généralement jouer un rôle passif dans les rencontres sexuelles.
Au fil du temps, en vieillissant un homme pouvait passer d'un rôle à l'autre. Dans des circonstances idéales, il se mariait, et ayant eu accès à une femme comme partenaire sexuel, il pouvait cesser toute relation sexuelle avec des semblables.
Une remarque en passant à l'adresse de mes diffamateurs
Je note pour ma part qu'en Grèce, dans la caste guerrière à l'origine, selon les canons en vigueur, ce genre de pratique constituait un intermède avant le mariage pour l'adulte jeune. Tout "homo" qui se respecte est plus ou moins condamné à mal vieillir.
Je l'ai fort bien compris dès le départ, et j'ai cessé progressivement toute espèce de commerce de cet ordre entre 35 et 40 ans et je m'en porte très bien ! Mais pour cela il faut avoir quantité d'autres centres d'intérêt. Toute cette clique de "guénoniens" qui ont cherché à salir ma réputation en me présentant comme un militant LGBT se sont fourré les doigts d'au moins une main dans l'oeil et il eut sans doute mieux valu qu'il se les fourrasse ailleurs en les y agitant bien fort...
Je pense aux Borella et Cie qui ont distillés, avec toute l'onction ecclésiastique dont ils sont capables, quantité de vâcheries sur quelques collègues considérés comme "hérétiques" ...
Le problème est que je suis "inassimilable" et que je suis aussi étranger à la secte des "hétéros" qu'a celles des gens d'en face ! Que je me sens dans la peau d'un voyageur tombé par inadvertance dans un monde étrange. Enfin, instruit par l'expérience, j'ai tendance à vivre toute marque d'intérêt trop appuyée comme potentiellement "toxique". Bref, le silence et la solitude me sont nécessaires.
Revenons au groupe de San Giovanni
Cependant, les hommes du groupe San Giovanni ne sont pas ou pas tous liés à des rôles déterminés. Certains étaient ce qu'on appelle aujourd'hui « polyvalents » heureux de changer de scénario avec leurs partenaires sexuels.
De nos jours les gays se proclament "auto-reverses", d'une certaine manière c'est donc une sorte de "retour aux sources".
Son étude remet en question davantage la périodisation des subcultures queer. Ceux-ci sont le plus souvent liés à la croissance des centres urbains en Europe du XVIIIe siècle (les molly-maisons de Londres ou de leurs équivalents à Paris, que Ferguson introduit comme point de comparaison dans la partie 3 du livre). L'étiquette « sous-culture » appliquée bien au groupe d'hommes qui se sont réunis à San Giovanni de la Porte Latine est un sujet de débat, Ferguson montre de façon convaincante que leur communauté avait quelques-unes des caractéristiques du sorte de "sous culture".
Ces résultats soulèvent des questions importantes pour les recherches futures sur la question de l'identité sexuelle au début de l' Europe moderne. Tout d' abord, si Ferguson a raison de plaider en faveur de la présence de sous culture diverses dans la Rome du XVIe siècle, des telles sous-cultures ont-elles existé dans d' autres villes européennes?
Quelle est l'importance de l'appartenance ethnique des hommes impliqués: y a t-il quelque chose de spécifiquement "ibérique" dans leur identité sexuelle ou de comportement? Quelle est la fréquence des exemples de polyvalence sexuelle dans cette étude de cas? Rome est-elle l'exception? Ou est-ce Florence, sur laquelle la recherche novatrice de Michael Rocke sur les relations sexuelles entre hommes en Italie de la Renaissance était fondée? Voir :
Pour beaucoup de lecteurs, l'intérêt de cette étude résidera dans sa résonance pour les campagnes modernes autour du mariage de même sexe, une question que Ferguson aborde dans son chapitre de clôture. L'incertitude sur la nature du mariage prévu à San Giovanni ne fait pas de ce cas un exemple facile non plus pour les partisans du droit au mariage pour tous.
Revenons au témoignage de Montaigne
Voici pour finir le texte de Montaigne dans l'édition originale. Cliquer sur l'image pour l'agrandir :
Toute la question est maintenant de savoir si ce qui s'est passé à Saint jean de la Porte Latine en 1578 relève d'une sorte de parodie récréative ou s'il s'agirait d'une application locale tardive d'une de ces rituels, parfaitement "canoniques" puisqu'ils sont conservé dans des recueils à vocation didactique, de bénédictions de couples de même sexe évoqué par John Boswell. La description de la cérémonie telle que la relate Montaigne avec les mains sur l'évangile ressemble étrangement à ce qu'on lit dans les rituels.
On discute beaucoup sur le fait de savoir si les esprits romains désignent des ecclésiastiques éclairés de l'époque mais il est clair que Montaigne s'est informé auprès d'une élite. Les faits remontaient à 3 ou 4 ans et le quasi témoin évoque une "belle secte", il se peut qu'il se soit agi d'une survivance liturgique ancienne mais plus ou moins dégradée.
Ce qui m'intrigue dans cette histoire c'est la mention de portugais. Or celui qui avait présidé à l'aventure qu'à constitué la parution d'une revue intitulée Gay France Magazine avait souligné qu'il n'était pas nécessaire de faire des milliers de kilomètres pour trouver un contexte favorable à l'exercice de relations pédérastiques au sens classique du terme. Mais il a négligé de s'expliquer.
Ce que j'ai noté quelque part c'est que les relations, au demeurant relativement classiques, entre un oncle plus ou moins original et un jeune non moins atypique, y auraient été bien tolérées. Mais c'est insuffisant pour justifier l'accent mis sur le Portugal. Ce genre d'attelage était à vrai dire une sorte de classique au XIXème siècle et durant la première moitié du précédant. On devine dans un incident de la vie de Jules Verne qui fit que son neveu Gaston lui tira une balle dans le pied...
Le monde voulu par les intégristes : aussi chiant d'un jour de pluie !
Enfin ce que je constate une fois de plus, c'est que le monde que veulent nous imposer les intégristes est aussi chiant que la pluie et celui, très mercantile des jeunes bourgeois qui ont fait mai 68, en transformant momentanément la Sorbonne en lupanar, est tout aussi ennuyeux car il est gangrené par un political correctness venu d'outre Atlantique.
Il est fort heureux qu'il existe toutes sortes de bons livres d'histoire pour voyager dans le temps et l'espace a peu des frais. Car avec le Nouvel ordre Mondial la merdier occidental tend à recouvrir et unifier le monde et bientôt l'univers entier !