Henri Sire est, ou plutôt, était l'historiographe attitré de l'Ordre de Malt, du moins avant de s'en faire virer comme un malpropre précisons. Son livre est bien celui d'un historien scrupuleux qui indique ses sources et il a su rendre son évaluation parfaitement claire et pour tout dire les faits sont indiscutables.
Ce livre mérite votre attention...
Je ne m'intéresse que d'assez loin à ce qui se passe au Vatican. J'avais bien discerné qu'entre l'épisode où le pape François a prononcé le fameux Qui suis-je pour juger ? (sous-entendu les "gays") et l'autre épisode où il recommanda aux parents d'un enfant présentant des tendances de se rapprocher d'un psychiatre, qu'il y avait là l'indication d'une parfaite incompétence sur le sujet et sur la psychologie en général. Cette dernière saillie a du reste déclenché, à juste titre une tempête façon LGBT qui l'a conduit à modifier son propos.
Bref, s'il est bien des points qui restent pertinents dans le livre de Frédéric Martel intitulé Sodoma, j'en viens à me demander si Le pape dictateur n'est pas un document encore plus accablant quand à ce qui se passe réellement à Rome dans le quartier du Vatican. Martel avait du reste été averti au sujet de l'existence de méthodes brutales et excessivement pernicieuses venant de l'actuel successeur de Saint Pierre que l'on nous présente, comme étant en privé, coutumier d'un langage plus ou moins vulgaire et même ordurier. Et on l'a vu récemment houspiller une brave asiatique. Enfin quand on est une "vedette", on se doit d'accepter les transports des membres de son "fan club"...
Martel a volontairement minimisé ces avertissements tant il escompte encore que les avancées libérales dont il souhaite l'avènement finiront par arriver. Sauf que c'est extrêmement peu probable pour des raisons que je vais indiquer. Il est à noter que les propos diplomatiques de Martel n'indiquent pas pour autant qu'il se serait fait des illusions car j'ai noté l'existence d'un article venant de lui où il déplore que Bergoglio avait manqué la meilleure occasion de "dépénaliser" l'homosexualité.
Martel, si mes souvenirs sont exacts, met sur le compte d'un prise de position "gay friendly" très occasionnelle du futur pape, le fait qu'il se soit attiré la vindicte des "conservateurs" plus ou moins "traditionnalistes". Sauf que l'histoire est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. Je suis du reste de plus en plus persuadé que le personnage est très incohérent et ceux qui l'on favorisé on manqué du plus élémentaire discernement.
Jorge Mario Bergoglio le candidat de la "Maffia de Saint-Gall"
Page 13 à 36, le livre explique que Bergoglio aurait été le candidat d'un groupe de prélats libéraux qui se réunissait en Suisse à Saint-Gall. Parmi des "libéraux" deux prélats dominent Kasper et Dannels. Il leur est reproché d'avoir voulu changer la donne concernant le sort des divorcés remariés (Kasper, p. 26). Quant à Mgr Daneels, p. 29, il lui est reproché son libéralisme à propos de l'homosexualité.
Le cas Daneels
Je cite le livre :
Danneels ne s’est jamais soucié de taire ses avis sur les sujets les plus brûlants qui préoccupent l’Église, particulièrement dans les domaines de la morale sexuelle, de l’avortement, de la contraception, de l’homosexualité et du mariage homosexuel.
Danneels était bien connu à travers l’Europe pour avoir usé de son poids politique afin de faire pression en vue de la libéralisation des lois belges relatives au sexe et au mariage. En 1990, il conseilla au roi Baudouin de Belgique de signer une loi légalisant l’avortement ; plus tard, il devait refuser de retirer des supports pédagogiques d’éducation sexuelle explicite – que de nombreux parents ont dénoncé comme pornographiques – des écoles catholiques belges. Il a déclaré officiellement que la légalisation du mariage des couples de même sexe en Belgique constituait une « évolution positive17 ». En mai 2003, il adressa une lettre de félicitations au Premier ministre Guy Verhofstadt, pour « l’approbation » par son gouvernement « d’un statut légal pour une relation stable entre partenaires du même sexe ».
Quelques mois après son départ à la retraite, en avril 2010, Danneels s’est trouvé pris plus particulièrement dans une atmosphère de scandale, puisqu’on l’accusait d’avoir couvert un évêque de ses protégés qui avait avoué un abus sexuel sur un mineur, son propre neveu.
Suit dans le livre la relation d'une série de perquisitions dont il serait sorti indemne. Voir à ce propos ce qu'en dit Wikipédia. Il y aurait eu des abus de procédure. Pour ce qui concerne le libéralisme en matière de morale sexuelle, si l'on doit tenir pour fiable ce qu'en dit l'encyclopédie collaborative, qui, certes, ne saurait concourir comme "vérité d'évangile", il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat, je cite :
Les vues du cardinal Danneels sont classées comme réformistes au sein du Sacré Collège.
Sexualité et maladies sexuellement transmissibles : s’il défend l'abstinence, il accepte l'utilisation du préservatif comme moyen de lutte contre le sida. Il n'encourage donc pas le préservatif, mais il le reconnaît comme un moindre mal: si quelqu'un a un comportement sexuel inadéquat (adultère, ...), il vaut mieux qu'il mette un préservatif pour ne pas mettre sa vie ou celle d'autrui en danger ("Tu ne tueras pas."); mais ce serait mieux encore s'il était fidèle dans sa vie sexuelle ("Tu ne commettras pas d'adultère."); en cela, son point de vue ne diffère pas de celui de l'Église catholique.
Homosexualité : il considère l'homosexualité (au sens de tendance homosexuelle) comme un fait de nature et non un choix. L'acte homosexuel reste à éviter: en 1999, il a suspendu un prêtre homosexuel qui vivait avec son partenaire. [réf. nécessaire] Il reconnaît en outre que le mariage homosexuel est du ressort de l'État et non de l'Église, bien qu'il souhaiterait qu'un autre terme soit employé pour désigner cette union.
Rôle des femmes dans l'Église : le cardinal Danneels est favorable à un rôle accru de celles-ci ; en cela, son point de vue ne diffère pas fondamentalement de celui de l'Église catholique. Il ne souhaite pas qu'il y ait des femmes prêtres dans l'Église, même s'il reconnaît que cela n'est pas explicable avec des arguments du
Organisation de l'Église : il prêche pour une décentralisation accrue de l'Église.
Il se serait opposé à un motu proprio libéralisant la messe tridentine.
En somme rien de bien révolutionnaire ! Surtout concernant l'homosexualité !
L'auteur est un conservateur qui est du côté des partisans d'un statu quo, devenus invivable parce qu'il est évident que les "traditionalistes" ont constitué un "secte" qui n'a que peu à voir avec la religion d'avant le concile dans laquelle j'ai été élevé. Il s'agit d'une "crispation" assez pathologique. Sans compter que le milieu "tradi" n'est pas exempt d'amateurs de garçons plus ou moins chevronnés.
Le cardinal venu d'Argentine : un Juan Peron en version ecclésiastique !
Voir p. 37 à 67., la vie et l'œuvre de Bergoglio avant son élection.
Un assez sinistre individu uniquement occupé de sa promotion et qui aurait pris l'église par surprise parce qu'elle n'avait pas la clef pour la comprendre. Un individu aussi méfiant qu'une vache borgne, surtout pour les affaires d'argent. (p. 53)
Inutile d'insister, le livre mérite d'être lu in extenso. Mais est-ce qu'il épuise vraiment le sujet ? Toute la question étant de savoir si la "maffia" visée n'aurait point tout simplement raté son coup et si coup il y eut...
Une réforme qui a fichu au Vatican un "bazar" pas possible
Voir page 69 à 120.
Dans cette division de l'ouvrage, on apprend des choses à la limite plus ébouriffantes sur le "lobby gay" au sein du catholicisme que chez Martel.
Page 86, il est question d'un Mgr Paglia et d'une fresque homo érotique à nulle autre pareille.
Le peintre est un artiste gay argentin qui a représenté l'archevêque au milieu d'un filet rempli de corps nus ou à moitiés nus. Cela dit l'homo-érotisme est affaire de goût. Si j'ai bien compris cette fresque représente la résurrection. Et l'hérésie découle de ce que le Christ est dans un des filets et que le cardinal s'accroche au ressuscité, lequel n'est pas celui qui tire les filets vers la Jérusalem céleste représentée en haut :
Que cette vision de la résurrection implique des nudités n'a rien de bien choquant mais il est bien évident que la mise en scène du commanditaire cardinalice de cette a bien quelque chose de terriblement ambigu.
Dans les pages suivantes, il apparaît que Bergoglio n'a fait que nuire à la volonté de Benoist XVI de travailler à l'obtention d'une "tolérance 0" en matière d'abus sexuels des clercs. Certes je partage les conclusions de Martel au sujet des tendances homos de plusieurs papes avant le prédécesseur de François.
Bergoglio, alias "Pape François", aurait pris la décision de passer outre aux sanctions de la Congrégation de la Doctrine de la Foi à l'encontre du prêtre italien Mauro Inzoli coupable d'avoir abusé de garçonnets de 12 ans au confessionnal (sic) en les persuadant que ces agressions auraient bénéficié de l'approbation divine (p. 94 et suivantes).
Qu'on l'entende au propre ou au figuré, il est clair que le Vatican est devenu, à tous égards, un "sacré bordel" et non un "bordel sacré"
Quoique veuille faire le où les successeurs du pontife actuel, on peut dire que les carottes sont cuites. Le discrédit résultant tant de la multiplicité des abus sexuels des prêtres que du comportement particulièrement incohérent de l'actuel successeur de Pierre a atteint un tel degré qu'il est impossible de considérer la papauté romaine comme quelque chose d'orthodoxe. La chose à trop mal commencé pour avoir la moindre chance de finir plus glorieusement. Ce livre constitue un témoignage mais je ne pense pas qu'il épuise le sujet. Le rôle imputé à la "maffia de Saint Gall" n'est peut-être qu'une construction assez purement spéculative. Et si "complot" il y aurait eu son instrument parait lui avoir échappé. Je crains qu'elle n'ait rien contrôlé du tout.