On se souviendra que d'après les dires de Gustave Lebon dans sa "Civilisation des Arabes", le Coran se serait répandu par la persuasion. Il vaut mieux entendre cela que d'être sourd mais deux sources permettent de réfuter cette vision édulcorée de la conquête islamique, savoir un ouvrage de Alain Daniélou et la prophétie d'une guerre totale, en 2424 contre un monde censé être dominé par les mlecchas (barbares) et plus spécialement ceux de la Mecque.
Le contenu du fameux tantra évoquant un véritable djihad et étant susceptible de valoir au bouddhisme tibétain en particulier une accusation de "racisme" il me semble nécessaire de tenter d'apporter quelques éclaircissements sur le sujet.
Histoire de l'Inde selon Alain Daniélou
La cinquième partie est entièrement consacrée à la domination musulmane sur l'Inde, page 235 à 316. Soit pas loin d'une centaine de page dont une bonne part font état de meurtres, de destructions au point que l'on se demande comme Gustave Lebon a pu imaginer que le Coran recèlerait un pouvoir de persuasion.
Je m'empresse de souligner que pour la préhistoire de l'Inde, Daniélou n'est pas un bon guide. On sait que s'étant épris d'une sorte d'universalité du culte de Shiva et Dionysos, il nous l'a conjugué à toutes les sauces à tel point que la Mecque elle-même en a été éclaboussée.
Un lingam de Shiva à la Mecque ?
Il faut le dire crument : Daniélou, obsédé de bites, en a vu partout mais celle-là je l'ignorais :
La cité de Makheswara, aujourd'hui appelée La Mecque, était un des lieux sacrés du culte de Shiva-Dionysos, mentionné dans les Puranas et célèbre pour sa pierre noire, considérée comme un symbole : un lingam de Schiva.
La pierre noire a un aspect externe allongé mais la pierre elle-même est assez sphérique, il faut par conséquent beaucoup d'imagination pour y voir un lingam comme symbole sexuel. L'ensemble ressemble plutôt à une vulve, c'est le support qui fait illusion. Passons ! Alain Daniélou était un peu obsédé de bites et Cie par réaction aux bondieuseries sucrées dont sa mère l'a abreuvé jusqu'à plus soif...
Sur Google Makheswara ne sort que 4 fois dont 2 dans l'ouvrage cité de Daniélou et sa version anglaise, puis dans un livre citant Daniélou où l'auteur confesse sa surprise à l'égard de la mention de Shiva-Dionysos. La 4ème ne fournit aucun éclaircissement et il s'agit d'un ouvrage de 2014. Il s'agit vraisemblablement d'une simple traduction sanskrite moderne du nom de la ville. L'Islam ayant été omniprésent en Inde le contraire serait étonnant. Et en lisant correctement la phrase ce n'est pas La Mecque qui est cité dans les Puranas où elle n'a rien à faire mais le culte adoré de Daniélou.
Ce n'est guère qu'à partir de la page 238 que l'auteur fait état des dommages engendrés par la conquête islamique avec notamment Mahmoud de Ghazni. Daniélou n'exclut pas les intermèdes dus à des "bons" khalifes (p. 237) non sans avoir mis l'adjectif entre guillemets pour souligner la relativité des bontés émanant d'une conception monothéiste qu'il déteste.
La conception monothéiste donne à ce sentiment de supériorité une sorte de sanction divine, car le Dieu unique est naturellement celui de la tribu, et le groupe prend alors entre ses mains l' "œuvre de Dieu", qui apparemment ne saurait organiser lui-même sa propagande. c'est pourquoi, les peuples monothéistes ont toujours été agressifs, intolérants et destructeurs. Le monothéisme le plus intransigeant est évidement le plus impérialiste.
J'avoue devoir partager ce jugement, c'est bien l'Occident monothéiste au départ qui a voulu imposer sa loi partout dans le monde. certes une partie des occidentaux est revenue de cette manie d'ingérence mais il ne s'agit encore que d'une petite minorité et encore a t-il fallu des siècles pour en arriver là où nous sommes, à savoir que la majorité des Français sont convaincus qu'il n'aurait pas fallu mettre notre grain de sel et en Lybie et en Syrie plus particulièrement.
Daniélou, étant tout à fait dans son élément quant à faire l'inventaire des exactions supportées par les hindous, il n'avait nul besoin d'en rajouter de sorte que ceux qui ont encore des doutes à propos de la violence des conquêtes islamiques peuvent poursuivre leur lecture sans que votre serviteur ait à leur tenir la chandelle.
Le Tantra de Kalachakra
Il existe autour de ce Tantra tout une littérature d'études et de commentaires parmi lesquels un certain Alexander Berzin s'est taillé la part du lion. L'ennui est qu'il faut une grande maîtrise de l'anglais pour tirer parti de textes très longs et très filandreux qui au bout du compte pose plus de questions qu'il ne donne de réponses.
Ce Tantra est relié à l'histoire de Shambhala, une "terre pure", c'est-à-dire un lieu psychique relié à notre terre mais non matériel tout en étant décrit comme tel.
Le Tantra de Kalachakra aurait été enseigné au premier roi de Shambhala et il fait l'objet d'une initiation dont seule la partie externe est donnée à des profanes sans aucune sélection préalable. C'est par milliers que mon jumeau astrologique (à 12 ans près jour pour jour), le "Grand Quatorzième", distribue cette initiation qui dure plusieurs jours. On a vu en Suisse des skinheads tibétains employés comme service d'ordre s'en goinfrer. J'ai un ami qui a bénéficié de cette licence, moi pas mais je n'en suis pas jaloux. Survivre au sein d'un vaste troupeau de bipèdes parqués sur un amphithéâtre aux bancs très durs et exigus c'est plus que je n'en puis supporter...
Une gêne sensible à propos du "racisme" émanant de ce Tantra est perceptible
Le bouddhisme tibétain passe pour une doctrine très pacifiste, du moins si l'on s'en tient aux discours de l'actuel Dalaï-Lama. Or le Tantra en question reflète la rancœur de cette école bouddhiste à l'égard des destructions opérées par les conquêtes musulmanes qui ont faille quasiment l'éradiquer et par extension, elle s'étend aux trois monothéismes, christianisme compris ainsi qu'au manichéisme.
Le texte est très clair aussi des efforts assez ridicules sont fait pour essayer de noyer le poisson en relativisant la charge contre les envahisseurs musulmans qui sont dominants dans le tableau. Frédéric Lenoir porte un nom qui le prédispose sans doute à se culpabiliser :
Voir http://www.buddhaline.net/Quel-Kalachakra-pour-le-XXIo
Concernant le contexte historique et l'actualité de l'animosité des tibétains envers les musulmans, voir :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article278
Je cite : C’est une longue histoire, assez méconnue, dont voici un résumé succinct... Les conquêtes musulmanes ont démarré peu après la mort de Mohamed (632PC). La première grande expansion de l’Islam vers l’Est se solda en 751 à Talas, sur le plateau du Ferghana, par une victoire des musulmans contre la Chine des Tang. L’Islam occupa alors les hauts plateaux d’Asie centrale et refit ses forces en vue de préparer une nouvelle offensive et une ouverture vers le Sud-est asiatique.
Du huitième au début du onzième siècle, les incursions musulmanes morcelèrent l’Inde du nord par vagues successives. Elles réussirent à affaiblir les religions locales : hindouisme et bouddhisme sous sa forme tantrique, la plus répandue dans le nord de l’Inde à cette époque. Au début du onzième siècle, un texte "révélé" fit miraculeusement son apparition, le "tantra de Kalachakra".
Il allait occuper une place centrale parmi les tantras bouddhistes, et même devenir un des textes fondamentaux du bouddhisme tibétain. Ce texte sacré prévoyait un avenir meilleur pour les bouddhistes dans un pays situé au nord de l’Inde et dissimulé aux yeux des ennemis du Bouddha, le "pays de Shambala". Pour la première fois de son histoire, le Dharma était expatrié de son pays d’origine. C’est ainsi que le Tibet, caché derrière la chaîne de l’Himalaya, devint l’écrin du précieux enseignement du Bouddha et la terre d’asile de nombreux maîtres tantriques indiens.
Cet article montre qu'il existe toujours une vive animosité des Tibétains envers les musulmans que le protectorat chinois a tenté de désamorcer mais sans succès :
(...) lors des émeutes de mars 2008 à Lhassa, nombre des magasins et des restaurants attaqués et détruits par les émeutiers étaient tenus par des musulmans. Un groupe de jeunes tibétains essaya même de prendre d’assaut la grande mosquée, parvenant à mettre le feu à l’entrée principale. Ces actes destructeurs étaient initiés par des Tibétains, parmi lesquels des lamas, qui organisaient les groupes de jeunes dans les rues et les encourageaient.
Ceux-ci portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails Molotov. Les treize personnes décédées lors de ces affrontements étaient toutes des civils, pour la plupart des musulmans chinois, brûlés vifs ou tabassés à mort. Les jeunes Tibétains s’en sont également pris à des écoles, des hôpitaux, des hôtels, des banques et au marché de gros de Tsomtsikhang où de nombreux magasins appartiennent à des musulmans chinois. Les boucheries étaient également visées, or on sait qu’au Tibet, celles-ci sont majoritairement tenues par des musulmans.
On comprend que les tibétains en exil, n'ont pas envie que l'on fasse trop de publicité à propos de ces exactions...
Inventaire des Mlecchas (barbares) visés par le Tantra
Sur ce que recouvrent les Mlecchas visés par le tantra voir l'étude très fouillée et à la limite fort confuse de Berzin :
Un assez bon résumé de ce que l'on appelle la prophétie de Kalachakra se trouve ici :
http://www.neotrouve.com/?p=461
Voici un résumé de ce que dit le texte :
Le texte nomme explicitement les leaders des trois religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) comme étant les adversaires du bouddhisme: “Adam, Hénoch, Abraham, Moïse, Jésus, celui en habit blanc (Mani), Mohamed et Mathani (le Mahdi)”. Le tantra du Kalachakra les décrit comme “la famille des serpents démoniaques” (Shri-Kalachakra I. 154).
Les ennemis mentionnés dans cette prophétie du tantra sont nommés Mlecchas et sont adeptes des huit prophètes « asuras » : Adam, Noé (sk. Anogha, certains proposent Enoch) Abraham, Moïse, Mani (sk. Shvetavastri, littéralement « vêtu de blanc ») Mahomet et le Mahdi. Leur figure s’inspire manifestement des adversaires musulmans des royaumes hindo-bouddhistes à l’époque de la rédaction du tantra.
L’interprétation traditionnelle soutient qu’il s’agit d’une représentation de la lutte contre les forces du mal.
Le Tantra du Kalachakra jure une guerre totale entre le monde islamique et le monde non-islamique lors de laquelle les disciples de Mohamed seront présentés comme les ennemis principaux des bouddhistes. Dans le texte original, la Mecque est décrite comme la résidence de « l’idole puissant et impitoyable des barbares », « l’incarnation du démon » (Shri Kalachakra I. 154).
Ainsi d’après l’adversaire principal du prochain roi du Shambhala, Rudra Chakrin “tourneur courroucé de la roue”, nous apprenons qu’ils sont également nommés mleccha ce qui signifie “barbares” mais également “habitants de la Mecque”. Un autre commentaire du Kalachakra appelle Rudra Chakrin le “meurtrier des Mlecchas”.
Les “causes” de la révolte mondiale contre les musulmans pourraient être que ces derniers auront envahis de nombreux pays et chercheront à islamiser la terre entière en massacrant, obligeant les êtres à se convertir etc…
En ces temps mauvais, un « roi barbare » despotique force toutes les nations autres que Shambhala à se soumettre à son pouvoir, de sorte qu’à la fin seules deux grandes forces restent en présence : d’une part le « roi des barbares » dépravé soutenu par le « seigneur de tous les démons », et d’autre part Rudra Chakrin, le messie bouddhiste courroucé. Pour finir, le souverain barbare subjugue le monde entier sauf le royaume mythique de Shambhala.
La fin de la "Soumission" en 2424 ?
Ainsi que l'on peut le constater, ce tantra est ne prise directe sur les événements actuels avec la tentative de restauration du califat et les pressions qui s'accumulent sur l'Europe en faveur d'une dhimmitude bien réelle et qui commence par les quartiers de non droit et la tendance à vouloir interdire toute approche critique à l'égard de l'Islam et des musulmans.
Appelé Rigden Dapo Tchakortchen en tibétain, Rudra Cakrin sera le dernier de la dynastie Kalkin (ou Kulika ou Rigden en tibétain) qui règne dans le royaume mystique et mythique de Shambhala (il serait aussi la 6ème réincarnation du Panchen Lama).
La prophétie du Tantra Kalachakra dit qu’il commencera son règne en 2327 et qu’il repoussera les envahisseurs musulmans (les « barbares de Makha » / la Mecque qui avaient construit un empire mondial) en 2424 pour instaurer l’Age d’Or.
Connaissant les velléités messianistes de l'Islam, ce judaïsme armé, on ne peut manquer d'être frappé par le caractère d'actualité de ce tantra. Enfin il nous reste à attendre encore 408 ans, et d'ici là il peut s'en passer des choses... Ce qui est le plus difficile à admettre dans cette histoire c'est bien la précision des datations alors que selon la formule traditionnelle nul ne sait ni le jour ni l'heure et côté occidental la fin du cycle est située autour de 2030, il y a donc un marge énorme...
L'initiation de Kalachakra comme facteur de paix ?
L'explication donnée est un peu courte : La pratique de Kalachakra purifie les six éléments: la terre, l'eau, le feu, l'air, l'espace et la sagesse de la claire lumière- au sein de l'individu et de l'environnement. La pratique de Kalachakra transforme ces éléments de leur état ordinaire dissonant à un état d'harmonie pure, union de la félicité immuable à la forme de la vacuité.
Rien d'original, c'est ce que l'on dit de toutes les pratiques enseignées alors en quoi un tantra fondé sur l'exécration des "religions du livre" peut-il constituer un plus ? Mystère. Et pourquoi l'initiation à ce tantra si particulier est-elle donnée si généreusement ? Mystère et boules de gommes...
Bien évidement Victor et Victoria Trimondi, qui ont une dent contre le Grand Quatorzième" et l'assimile à un "nazi" font grand cas de ce tantra comme étant une graine de perversité plantée chez nous par un Orient jugé assez diabolique. C'est oublier que l'Occident possède du Diable qui lui est assez particulier et qu'en matière de guerre de religion, bien que les évangiles professent que celui qui tire l'épée périra par l'épée, on n'a pas eu besoin de leçons venues d'ailleurs pour multiplier les massacres au nom d'un "Dieu" conçu à l'image des hommes plutôt que l'inverse.