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Recension : le petit coco (suite et fin)

LDqMt8HZDNVz5T81zOEEbYWpw2k.gifJe n'ai pu m'empêcher de reprendre la lecture du "Petit Coco" avant même d'attendre le moment de me mettre au lit. J'ai profité d'un orage en montagne pour débrancher l'ordi et je me suis donc allongé confortablement sous la couette et j'ai terminé le "voyage" entrepris vers 23 heures.

Avant d'aller plus loin, j'ai fini par réaliser que "Coco" est l'abréviation de "cocotte" c'est à dire pute ou grue, l'injure favorite du père. Bien évidemment, je ne crois pas un seul instant qu'elle ait été une pute. En mais 68, elle avait 18 ans, elle avait bien le droit de décider elle-même de ses fréquentations.

Le père qui était quelqu'un a bien existé

En le rallumant, la première chose que j'ai faite, c'est de vérifier l'existence d'un Jean Sigaut, président de l'Ordre des Experts-comptable, président de la Compagnie des commissaires aux comptes etc... Elle n'a rien inventé, le personnage a laissé des traces. Pour les sœurs, je n'ai rien trouvé mais elle a pu changer les prénoms. L'une d'elle est devenue avocate, elle a sans doute été rendue prudente à son égard par l'escroquerie dont elle aurait été victime dans le cadre de la succession de son père. Si cette femme de loi tombe sur ma prose, elle va sûrement se dire que tout en étant impartial, sa sœur, je ne l'ai pas loupée.

 

La part du "lissage"

Des détails ont sans doute été arrangés mais dans l'ensemble l'histoire se tient assez bien mais ce qui frappe c'est qu'il lui a fallu 32 ans pour sortir du traquenard qu'elle dénonce. Elle aurait fini par avoir la peau de son père et son refus de transiger l'aurait poussé à un suicide par noyade. Mais on ne peut se défendre de penser qu'elle en fait un peu trop. Certes elle n'a pas pu inventer ce "nœud de vipère", j'ai reconnu au passage une "technique" que je connais bien, savoir essayer de faire passer pour fou ou folle un enfant qui résiste à l'autorité parentale. c'est un grand classique : on se défausse sur un "psy" qui ne pouvant servir de conciliateur essaie de fourguer des "médocs" que le gosse refuse ou recrache discrètement.

Histoire de Gardénal, fausse épilepsie

Elle dénonce des manœuvres classiques à l'époque où j'étais enfant, dans son cas le Gardénal, un "medoc" antiépileptique, a été utilisé souvent comme calmant. Pour d'autres parents c'était le Phénergan, on en donnait même au bébés. Donc le Gardénal, c'était avant que l'on n'inventa le syndrome d'hyperactivité et que Big Pharma ne propose des "spécifiques" tous plus pourris les uns que les autres. Le problème c'est qu'il y a quelque part une contradiction. On était resté sur la thèse d'une crise d'épilepsie en bas âge qui se révèle n'avoir été qu'une mystérieuse toxicose mais notre héroïne, d'un combat à mort contre un paternalisme tyrannique. Le duo Gardénal au coucher avec amphétamine au réveil a duré 10 ans !

Une première vocation frivole

Bien sûr la vocation de la Marion ce n'était pas l'expertise comptable, elle avait goûté aux joies naturistes des baignades avec des tas de garçons nus en Israël et, tenez-vous bien, elle avait appris au kibboutz l'art de composer des cosmétiques et elle voulait faire une école d'esthéticienne et elle occupait ses loisirs à faire des patchworks avec des petits carrés de 1,5 cm de côté. On est loin de la passion de l'histoire. Les cosmétiques maison, je parie qu'elle est devenue une cliente assidue de Aromazone...

En ce qui me concerne, l'art des ravalements de façade, ce n'est pas ma tasse de thé mais je trouve sur ce site des huiles essentielles et quelques poudres utilisées en médecine ayurvédique pour composer des gélules à usage "perso"... Les médecines traditionnelles, c'est quand même un peu plus "noble" que les fonds de teint, les repulpants et Cie... J'imagine que Mame Sigaut doit faire une grande consommation d'acide hyaluronique (tiré de crête de coq, 13,50 € les 5 g. actuellement) et de Gotu Kola, Centella Asiatica qui, dit-on, est excellent pour la cellulite. Passons...

Avortement et fausse couche

J'arrive donc au milieu du livre et je tombe sur une histoire d'avortement puis de fausse couche assez dramatique. Ca commence pour la fausse couche p. 123 je cite le début : autant il m'avait été possible avec Jacques de prendre un risque par désespoir, autant avec Jean-Pierre, il n'en était pas question. J'en étais venue à ne plus pouvoir le supporter physiquement. A peine lui-posais-je la tête sur l'épaule pour un câlin qu'il me montait dessus (sic). La seule chose qui pouvait le détendre et l'empêcher de devenir fou, c'était de tirer un coup : je faisais l'affaire comme aurait fait une chèvre avec un tablier ! Je vous fais grâce de la suite et je résume. Elle se retrouve accusé de frigidité et elle proteste : Frigide, moi !

Accusée d'avoir piégé un "richard"

S'ensuit un nouveau drame. Comme le Jean-Pierre était riche à millions, elle décide de garder l'enfant, alors la parentèle l'accuse d'avoir voulu piéger un innocent car elle s'est faite conseiller par le planning familial qui l'encourage à contraindre le géniteur à casquer. Le père et les sœurs prennent le parti de l'accabler et de la pousser une nouvelle fois à avorter tandis qu'un très douloureuse fausse couche survient opportunément et pour ainsi dire providentiellement laquelle se termine en salle d'opération après intervention de S.O.S. médecins place Jussieu. Il ne reste de son espoir d'être mère qu'un amas de sang coagulé en putréfaction (p. 138). Etre mère d'un enfant de goujat ? Mais certes deux avortements  à peine un an d'intervalle c'est lourd quoiqu'en dise une certaine Marisol qui veulent interdire certains sites d'informations dénoncés pour des arrière pensées anti-avortement.

Escroquerie à l'héritage

La fin du livre relate sa thérapie avec un certain Jeff qui la plantera au moment le plus crucial, et surtout il relate la manigance démoniaque conçue à partir d'une donation-partage qui semble avoir été conçue pour servir de piège afin de lui porter le coup de grâce. Notre essayiste a du être escroquée mais il faudrait pouvoir vérifier les comptes. Ainsi elle nous raconte la longue histoire des vaines promesses de son père qui lui avait promis de lui acheter une maison. Or quand, en Bourgogne, elle trouve la maison idéale, le père lui fait faux bond. Or la maison qu'elle décrit dans le livre ressemble étrangement à celle que l'on entrevois dans plusieurs vidéos. Si donc elle n'a pas été acquise à partir de la liquidation du patrimoine familiale, comment a t-elle été payée ?

Les manœuvres qu'elle décrit, venant d'une famille étendue assez cosmopolite et de surcroît très riche, j'en ai connu le type mais dans un cadre beaucoup plus modeste, et ça ne venait pas d'un père vicelard. Elle n'a pas pu tout inventer mais quoiqu'il en soit, il se dégage de cette autobiographie l'impression très nette d'un besoin assez malsain de se faire plaindre et de se justifier.

Tentation du suicide et envie de meurtre

Ce qui frappe c'est les crises de nerfs répétées jusqu'à 32 ans. Or tout commence par l'évocation dans sa prime enfance d'une dormition de la fillette entre papa et maman présentée comme le comble de l'extase. Toujours ce besoin effarant de "Love bombing", être bombardée d'amour ! Par la suite, les envies de suicides et/ou les envies de meurtres à la Kalatch (ne pas oublier l'épisode de la grenade asphyxiante sortie du tiroir de la commode)  c'est un grand classique, j'ai connu ça moi aussi, sauf que je n'ai jamais cherché à refouler. Elle avait imaginé de tirer dans les pieds de sa parentèle : je lui signale que le ventre c'est plus raffiné...

Pour la jeune femme, le suicide c'eut été le crime parfait venant du père et des sœurs et également le piège parfait pour le "mouton noir" de la famille : la parentèle aurait pu enterrer l'importune en écrasant une larme de crocodile et la messe était dite. Circulez, il n'y a plus rien à voir...

Elle n'était pas "folle" mais elle est devenue "schizo"

Ce livre m'a rappelé quelques vagues souvenirs de ce que j'ai moi-même subi avant de m'échapper vers 18 ans mais je ne comprends toujours pas comment cette Marion Sigaut peut aujourd'hui vomir sur Alfred Kinsey, sur mai 68  et la révolution sexuelle alors qu'elle avoue quelque part qu'elle ne pensait qu'à baiser (sic) en présentant cela comme un besoin naturel. Comment peut-elle désormais éprouver le besoin d'aller se faire aduler dans des milieux cathos connus pour leur caractère excessivement réactionnaires alors que c'est bien la continence exagérée qu'à imposé le catholicisme tel qu'il a été façonné par l'hypocrisie du XIXème siècle bourgeois qui est bien, en dernière analyse, la cause première de son malheur.

Cette femme pourra bien raconter tout ce qu'il lui plaira : son retour à la foi de son enfance ou c'est du flan ou c'est pure schizophrénie. Certes, elle a du finir par devenir frigide pour avoir oublié à ce point ce que ses sœurs dénonçaient comme des frasques.

J'appelle ça aller de Charybde en Scilla

Drogue de substitution

Dans la mesure où, si elle n'était pas folle à l'époque, elle l'est bien devenue en une certaine manière avec ses contes à dormir debout à propos de "pédotempliers" et autres délires à la Reisman, le souci que nous devons avoir de la salubrité publique nous fait un devoir de constater que son évolution n'est au fond qu'une sorte de régression.  Elle ne prend plus de Gardénal, elle conserve l'unique flacon de Tranxene qu'elle n'aurait jamais consommé dans son petit musée personnel mais en fait elle ne se rend même pas compte qu'elle a troqué une drogue contre une autre : un besoin irrépressible de "reconnaissance", hélas basé sur un commerce à base d'affabulations, de mensonges.

Dissonance et "hybris"

Bref, cette comédie a assez duré, il fallait se résoudre à la dénoncer sans la moindre faiblesse et mettre ses supporters en face de la triste réalité. Son péché a quelque chose à voir avec une forme particulière d'hybris. Nous avons un point commun, la musique, son piano, cet instrument de chaudronnier disait Voltaire, lui est demeuré cher, sauf qu'à mon humble avis, il y a quelque chose de très dissonant chez cette femme. Qu'on se le dise !

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