Circulez il n'y a plus rien à voir, "la messe est dite" : il n'y a plus de "mystère de Rennes le Château".. (07/06/2022)
Je suis amené à reprendre un texte datant du 12 octobre 2017 et à le mettre à jour.
La raison de ce retour sur un sujet des plus embrouillé réside dans l'allusion sur Campagnol TV de Christian Combaz à l'affaire de Rennes et au thème de la "Survivance". Voir à ce sujet l'article précédant.
Il est plus que douteux que l'abbé Saunière ait découvert un trésor fabuleux, l'industrie de son trafic de messe et l'existence de subventions de la part d'un groupe de catholiques légitimistes qui reste plus ou moins à identifier suffit à expliquer sa geste. Saunière a du reste connu une certaine gêne du fait du procès intenté par son dernier évêque et à du amputer une rente de 20 000 F de l'époque d'un quart pour solder ses dernières factures. Il aurait certes découvert, au début de sa carrière, des pièces et des bijoux dans un caveau mais il ne peut s'agir que d'un trésor fort modeste et assez moderne.
Si j'ai une vue plus claire de l'affaire et que je n'ai plus aucun doute quand aux diverses végétations aussi surréalistes que baroque dont elle est encombré c'est parce que je me suis décidé a me procuré l'ouvrage de René Descadeillas sur la mythologie du trésor de Rennes avant de relire l'ouvrage visé ci-contre.
Le problème c'est que je ne connaissais de Descadeillas que ce que Jean Robin en avait dit dans son premier ouvrage. Ce personnage qui depuis a fort mal tourné possédait un génie particulier pour embrouiller les choses tout en paraissant avoir fait mine de quelque peu les clarifier. Concernant l'évolution calamiteuse de ce triste sire voir les divers articles que lui a consacré votre serviteur.
"La mythologie du trésor de Rennes" selon René Descadeillas
Autant que je me souvienne, à l'époque où je me suis intéressé à l'affaire, le livre en question était introuvable. Depuis lors la B.N. l'a réédité en version numérique et on le trouve en Epub pour 5,99 €.
Il est difficile de rendre compte de la richesse de cet ouvrage car il est très dense et ne comporte pas de sommaire lisible complet sauf pour les annexes. Je me suis efforcé d'indiquer un titre approximatif pour les chapitres simplement numérotés (en italqiue).
Présentation
Page de titre
Épigraphe
AVANT-PROPOS
I - Béranger Saunière son histoire avec une évaluation sommaire de ses moyens d'existence.
II - Rôle de Noël Corbu - héritier de Marie Denarnaud.
III - Irruption de Gérard de Sède, journaliste.
IV - La renommée de Rennes grandit en France et dans le monde du fait d'une meute de journalistes et de cameramen.
V - Relation d'une discussion en amis sur les développement "ésotériques" de l'affaire.
VI - Suite de la discussion
ANNEXE I
Le support d’autel de l’église de Rennes-le-Château
ANNEXE II
La dalle dite “ dalle du chevalier ”
ANNEXE III
Une tête sculptée conservée à Rennes-les-Bains
ANNEXE IV
La Descente de croix de l’église de Rennes-les-Bains
ANNEXE V
Nicolas POUSSIN et les Bergers d’Arcadie
ANNEXE VI
A propos de Dagobert II
Notes
L'histoire est finalement assez simple. C'est Noël Corbu, installé finalement comme restaurateur au sein do domaine créé par Saunière qui a lancé l'histoire en l'enjolivant pour faire son beurre. Léhritière de Saunière qui avait du mal a payer les impôts de ce domaine qu'elle n'a jamais habité, étant locataire du presbytère a sans doute contribuer à monter la tête de Corbu au sujet d'un trésor en lui proposant d'en révéler la cache avant de mourir. Victime d'une mort quasi subite elle n'a pu s'exécuter néanmoins tout ce que Corbu a mis dans la bouche de l'ancienne servante de Saunière est sujet au doute.
Les documents existants à savoir les carnets de Saunière étaient détenus par Denarnaud et Captier avant dépasser au mains de Corbu et de son successeur Buthion. Une partie de ces documents ont disparu mais un microfilm a été fait de la partie exploitée par Octonovo qui a été déposé aux archives détartementales.
Il est clair que c'est de Sède qui a foutu la zone en attirant quantité de collègues journalistes mais on doit les proliférations pseudos "ésotériques" à un certain "prieuré de Son" auquel Octonovo a consacré un chapitre extraordinairement bien documenté quand au rôle d'un mythomane nommé Pierre Plantard. Ensuite le courant imaginatif a été amplifié par un trio anglais qui y ont ajouté la thèse qui apparaîtra plus tard dans le Da Vinci Code, celle selon laquelle une idylle entre Jésus et Marie Madeleine serait à l'origine de la geste mérovingienne laquelle est censé avoir son principal point d'aboutissement à Rennes.
Il serait bon de reprendre le texte de Descadeillas et de l'aérer par une multitude de sous titres mais à défaut les annexes sont le tour des rubriques à l'origine d'un développement "ésotérique". Il existe bien un pilier wisigothique mais il a été antidaté. Il existe bien une "dalle des chevaliers" mais rien de mystérieux à ce propos : à l'origine l'église nétait pas a vocaiton paroissiale mais seigneuriale.
La tête conservé à Rennes les bains et fixée dans un des murs du presbytère n'a rien à voir avec tout ce que l'on a pu imaginer.
L'interprétation de la "descente de croix" de l'église du même village est une foutaise avec une histoire de "tête de lièvre"...
La thématique portant sur Nicolas Poussin et les Bergers d'Arcadie est tout aussi foireuse. J'avais déjà eu l'occasion de souligner que le tombeau des Pontils est une création très moderne sans doute en béton que les propriétaires ont finalement détruit. Il s'agit d'une fabrication très récente, fin XIXème ou début XXème qu'il serait souhaitable de dater avec précision mais il est parfaitement clair que Poussin n'est jamais venu dans la région et que le secret qu'on évoque à son sujet n'a rien à voir avec Rennes.
Enfin un ouvrage d'un certain Dupraz exhumé par Descadeillas met en pièce la thèse selon laquelle Dagobert II aurait pu laisser une descendance. En réalité Dagobert II a régné à 2 reprises, dès la mort de son père et avant son exil en Irlande et enfin 3 ans après son retour. Il serait mort le 23 décembre 679.
Il faut rappeler qu'il n'existe aucune preuve que Saunière serait allé faire examiner des parchemins à Paris par un certain Père Hoffet de St Sulpice. Les parchemins dont on parle et dont on a des images sont grossières contrefaçon, tout cela ainsi que les différents rébus à partir d'une pierre tombale sont probablement des inventions du marquis Philippe de Cherisey.
Les apports de Laurent Bucholtzer (alias "Octonovo")
Le mieux est de commencer par donner le sommaire du livre :
PRÉFACE
INTRODUCTION
La belle histoire
Il était une fois…
Aux origines du Prieuré de Sion
Le Prieuré de Sion et Rennes-le-Château
La véritable vie de l’abbé Saunière
La belle époque
Les comptes de l’abbé Saunière
Le réseau de financement de l’abbé Saunière
Les financiers de l’abbé Saunière : les hypothèses
Le procès
Les relations
Esotérisme et occultisme
Un trésor ?
Les limites et les manques
Dernières mises en garde
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TROIS RAPPORTS D’ARCHITECTES
SUSPENSION DU TRAITEMENT DE L’ABBÉ
LE CRYPTOGRAMME SOT PÊCHEUR
DE CAMPAGNE-LES-BAINS À RENNES-LE-CHÂTEAU
L’HISTOIRE RACONTÉE PAR NOËL CORBU
REFLEXIONS SUR LA VALEUR DE L’ARGENT
LA NOTICE LABORDE
LES LETTRES DU VIEUX
LES VOYAGES CONNUS DE L’ABBÉ
REMERCIEMENTS
Je me demande du reste comment j'ai pu lire de la première à la dernière page certains ouvrages tel la fameuse colline envoûtée de Jean Robin, sans parler d'un livre de Patrick Ferté et celui d'un Michel Lamy sur Jules Verne initié et initiateur, le premier tendant à vouloir prouver que Maurice Leblanc et son Arsène Lupin contiendraient des allusions à l'affaire de Rennes. C'est probablement le seul point où Octonovo s'est montré assez court. Je cite :
Je soupçonne un auteur d’avoir produit un ouvrage de la même eau à Rennes-le-Château : il s’agit de Patrick Ferté(213). Son livre repose sur quelques faits établissant une vague relation entre l’affaire de Rennes-le-Château et la Normandie puis, l’intérêt étant suscité, par un jeu de rapprochement particulièrement imaginatif, l’auteur cherche à étayer ses thèses sur un décryptage très personnel de l’oeuvre de Maurice Leblanc. En réalité, je le soupçonne de prêcher le faux, fût-ce par l’absurde, pour savoir le vrai à propos de cette piste normande.
On notera que si Captier a gratifié Octonovo d'une préface, il déplore que l'auteur ait trop prestement évacué la possibilité de la découverte d'un trésor considérable. La chose se comprend car c'est bien le duo Corbu Captier qui a lancé l'affaire en faisant mousser une histoire de trésor de provenance multiples et c'est bien ce qui a littéralement fascinées des milliers sinon des millions de rêveurs impénitents.
La découverte d'un trésor n'était pas nécessaire en fait, le trafic des messes, un trafic colossal plus l'existence de dons en faveur d'une maison de retraite pour des prêtres suffit a expliquer justifier les somme fabuleuses dont a bénéficié Saunière. Pourquoi se serait-il fait chier, n'ayant pas peur des mots, a multiplier toutes sortes d'expédients pour amasser autant d'argent étant allé jusqu'à faire des bénéfices sur des copies d'adresses effectuées par des jeunes gens qu'il a exploité. Sans parler d'un commerce de spiritueux et autres bricoles plus ou moins laborieuses.
A propos du supposé voyage à Paris de Saunière et de ses parchemins, les Corbu Captier ont prétendu sortir des papier des Saunière un plan de Paris censé dater des années 1890. je n'hésite pas à dire qu'ils se sont foutus du monde et bien sûr personne ne les a contredits. Or j'ai dégoté sur Internet une série de plan de Paris et j'ai trouvé des exemplaires de 1890-1891 qui n'ont pas du tout la même allure tant en ce qui concerne le type de dessin, sans même parler du papier qui est trop blanc pour être honnête. En plus on y trouve des traces de ruban adhésif suspect.
Or à partir de 1896 on a les voyages documentés de Saunière et son trois ou quatre ne sont pas documentés quant à la destination, il n'existe aucune mention d'une montée à Paris et on ne voit pas pourquoi Saunière aurait censuré ses carnets lesquels étaient destinés à son usage personnel puisque lors du procès il a été acculé à mentir à l'évêché en allant jusqu'à prétendre n'avoir pas tenu de comptabilité.
Mais si ma mémoire est bonne, Robin est allé jusqu'à cautionner une fable à propos de Emma Calvé la fameuse cantatrice en vogue à l'époque : Saunière aurait payé ses dettes en remerciement d'avoir pu la sauter. En vérité il n'existe pas la moindre preuve qu'elle soit venue chanter à la villa Béthanie quoique l'on fasse dire à des paroissiens qu'ils l'auraient entendu faire ses vocalises dans le parc...
La difficulté de l'entreprise consiste donc à filtrer et rejeter tout ce qui relève d'inventions pures et ce n'est pas simple. Notamment en ce qui concerne la questions des épitaphes qui auraient été trafiquées par Saunière et qui sont censées renvoyer à la fameuse Arcadie et à un tableau de Poussin. Or si Saunière avait pu visiter le Louvre, il n'aurait pas pu acheter la reproduction de ce tableau et de quelques autres : ce genre d'article n'existait pas à l'époque supposé de son voyage ! Autant que je me souvienne ces histoires de trafics d'épitaphes n'ont pas été correctement éclaircies sauf que le résultat des décryptages supposés est tellement ridicules que cela suffit à ficher tout par terre !
Je m'empresse de souligner que l'histoire d'un tombeau du Christ ou de Marie Madeleine dans le secteur, et plus encore celui de la survivance de la lignée mérovingienne n'a strictement aucune consistance. Marie Madeleine a bénéficié à l'époque d'une culte plus ou moins local, au même titre qu'un projet d'association de dévotion au profit du Sacré Cœur. Comme indiqué plus haut cette partie du mythe est d'origine anglaise mais elle a trouvé en un certain Christian Doumergue un résonateur français d'une ampleur assez phénoménale.
Enfin, il n'y a strictement rien à dire sur l'ornementation de l'église de Rennes si ce n'est que le fait d'avoir disposé de beaucoup d'argent a permis à Saunière d'étaler un mauvais gout d'époque qui tend à offenser nos yeux. Mais il n'y a aucun "message" à rechercher dans les travaux de Giscard le statuaire de Toulouse. C'est du reste à ce très mauvais goût que se limite la connexion de Rennes avec des "saint sulpiceries"... Mais des plaisantins n'ont pas manqué de repeindre des motifs pour tenté d'abuser le pauvre monde.
On parle à ce propos d'un tissu écossais. Quand à la fameuse "rose croix", l'ornement de la tombe du malheureux curé Gélis qui fut mystérieusement assassiné, c'est un motif banal qui n'a rien à voir avec un quelconque emblème rosicrucien. D'autre part, si la confession de Saunière rendu à l'article de la mort aurait tant effrayé le confesseur ça peut s'expliquer rien que par l'aveu du trafic de messes... de toutes façon le papier à cigarettes de marque Tsar et la mention d'une Angélina nous éloignent de Rennes mais enfin dans ces cas là on n'est jamais embarrassé pour tenter de solutionner le problème et c'est ainsi qu'on a trouvé une Angélina dans une maison close du secteur. Sauf qu'on n'a pas la moindre preuve que Saunière ait fréquenté ce bouge bourgeois...
Les deux seuls livres vraiment crédible dont il faut partir sont celui de Descadeillas et celui d'Octonovo, savoir Rennes le Château, une affaire paradoxale. A ce propos, la préface d'Antoine Captier est assez caractéristiques qui montre bien que si l'auteur a du s'approprier cette caution locale pour être considéré, son préfacier s'est efforcé de neutraliser certains points du dynamitage auquel s'est livré Octonovo. Détail qui a achevé de me convaincre qu'au moment du tournage du film sur Da Vinci Code, c'est un plan de Paris tout à fait "apocryphe" que l'on a sorti du néant...
Il me reste à faire une remarque à propos des travaux d'un architecture belge qui s'est intéressé à l'église de Rennes.
Voir http://www.rennes-le-chateau-la-revelation.com/interview-...
Saunière a caché les murs d'origine par un parement de briques, soit disant pour harmoniser le volume mais ce parement aurait eu surtout pour but de planquer le ou les accès à une vaste crypte comportant des dépouilles anciennes. On a des raisons de penser que Saunière a pillé ces dépouilles car il a offert un ciboire ancien à un collègue et des bijoux assez archaïque à une autre personne. Il est possible également qu'une salle attenante à cette crypte aurait recélé des reliques lors du repli de l'évêque de l'époque une période reculée où le village était encore une sorte de forteresse mais elle auront forcément été déménagées lorsque la période d'exil du prélat a pris fin... Mais si trésor il y eut non seulement il aura été relativement modeste mais de toute façon il s'était envolé. Des fouilles s'imposent et on ne trouvera guère que de quoi préciser un peu l'histoire de cette église.
Voilà le résumé des conclusions auxquelles je suis arrivé et si je ne trouve pas le courage de les développer, il me semble que cela peut bien suffire...
En faisant des recherches pour retrouver la version numérique du livre d'Octobono, je suis retombé sur un dossier d'archive considérable et je me demande finalement comment j'ai pu passer autant de temps a essayer de débrouiller une affaire qui désormais me paraît fort limpide. Ce qui est extraordinaire c'est le caractère "agglutinant" du mythe et il me serait sans doute utile de pouvoir relire le livre de Jean Robin sur la "colline envoûté" dont je me suis débarrassé il y a longtemps.
Cela étant s'il se trouve que j'ai contribué a répandre le caractère toxique de la "mythologie" rennaise et "grand monarchique" revue et corrigée par le très imaginatif Jean Robin, j'estime m'être assez glorieusement racheté en produisant sur cet "Alexandre Dumas de l'ésotérisme" un démontage qui tient de la pure désintégration. En plus ce qui ne gâte rien, c'est que les lecteurs qui ont fait l'effort de parcourir ce dossier ne se sont pas ennuyé.
16:26 | Lien permanent | Commentaires (0)