Livres - La civilisation des Arabes par Gustave le Bon (06/09/2016)
Un correspondant guénonien et grand érudit, m'a suggéré de lire cet ouvrage. La suggestion lorsqu'elle a concerné l'ouvrage d'Amin Maalouf m'a surtout incité à retenir quelques passages de l'épilogue qui, en dépit du cannibalisme initial des Francs, ont compensé ce handicap par la reconnaissance de certaines qualités qui sont autant d'infirmités (sic) chez les arabophones musulmans. Qualité visibles dans la gestion équitable des fermiers palestiniens sous protectorat francs avant l'expulsion finale.
Rien qu'en lisant un résumé du propos de l'auteur trouvé sur le Net, on comprend pourquoi cet ouvrage fait l'objet actuellement d'au moins deux éditions contemporaines en français par des éditeurs musulmans (Al-Bustane et Casbah). Auparavant, ce propos avait été récupéré par un éditeur musulman et traduit en perse et en arabe.
Malheureusement, le propos en question n'est que le résultat d'une vision idyllique et donc purement romantique. Tout est faux dans le résumé que je vais citer...
Lorsque l'on m'a proposé ce livre j'aurais du me souvenir de ce qu'a dit de l'auteur, Péroncel-Hugoz, qui l'a classé dans les "Turcs de profession". Je cite :
Dans le genre patelin, notre siècle a, comme le précédent, son Docteur Lebon et même mieux. Né en Eure-et-Loiren 1841, archélogue d' l'Inde bouddhique à ses début, docteur en médecine en 1876, Gustave Lebon avait publié dès 1886 sa Physiologie de la génération, suive d'un Traité pratique des maladies des organes génito-urinaires (1869) et d'une Hygiène pratique du soldat et des blessés, opportunément imprimée l'année de la guerre de 1870.
La remarque laisse supposer que Lebon avait le sens des affaires, poursuivons :
Mais s'il n'est pas tombé dans l'oubli c'est grâce aux Arabes, à propos desquels il commit en 1884, un panégyrique, plusieurs fois réédité depuis, à leur demande, et que les princes du pétrole, aujourd'hui, font déposer sur la table de nuit de leurs invités francophones de marque, dans une coûteuse reliure dorée.
Pourtant, "La Civilisation des arabes", de Lebon ne vire quand même pas à la propagation directe de la foi islamique, comme s'y emploie notre contemporain, le Dr Maurice Bucaille.
L'inventer des "miracles du Coran"...
Tout de même il y a de quoi s'étonner qu'un guénonien propose encore ce genre d'ouvrage inconsistant bien que n'étant pas attiré par l'Islam et n'appréciant que quelque poète et philosophes persans... Mais enfin puisque c'est l'occasion de dégonfler une baudruche, il ne faut pas se gêner de couper l'herbe sous le pied des lecteurs naïfs qui pourraient être séduit par l'ouvrage.
Un résumé totalement faux qui dispense de se farcir le pavé
Voici le résumé tiré du livre paru sur site de propagande musulmane. Mon informateur aurait voulu que je prenne le contrepied de ces affirmations qu'il n'aurait pas agi autrement...
Lorsque nous étudierons les conquêtes Arabes, et tacherons de mettre en relief les causes qui ont déterminé leur succès, nous verrons que la force ne fut pour rien dans la propagation du coran, car les Arabes laissèrent toujours les vaincus libres de conserver leur religion.
Libre de conserver leur religion : oui dans une certaines mesure mais ce fut à la condition d'accepter d'être rackettés. Certes la fortune des "dhimmis" a varié au cours du temps. Certains sont devenus des administrateurs au service des conquérants.
Si les peuples chrétiens se convertirent à la religion de leur vainqueurs et finirent par adopter leur langue, ce fut surtout parce que ces nouveaux conquérants se montrèrent plus équitables pour eux que ne l’avaient été leurs anciens maitres, et parce que leur religion était d’une grande simplicité que celle qu’on leur avait enseignée jusqu’alors.
La (relative) simplicité de l'Islam, et notamment la non moins relative licence en matière de mariages a certes joué mais quand à l'équité, l'étude d'Amin Maalouf sur les croisades dans son épilogue contredit à angle droit une telle affirmation. Voir la note précédente...
S’il est un fait bien prouvé par l’histoire, c’est qu’une religion ne s’impose jamais par la force.
Faut pas pousser ! Si le patriarche de Jérusalem a préféré ouvrir les portes de sa ville, c'est bien pour éviter une effusion de sang. Il s'en est consolé en déclarant que la chose n'est arrivée qu'en raison des pêchés de ses ouailles. La chronique regorge d'histoire de villages incendiés et de femmes et d'enfants réduits en esclavage et vendus sur les marchés.
Lorsque les Arabes d’Espagne ont été vaincus par les chrétiens, ils ont préféré se laisser tuer et expulser jusqu’au dernier plutôt que de changer de culte.
Possible mais il existe au monde, trois choses qui suscitent le même genre de rigidité ce sont les idéologies politiques, les idéologie religieuses et même les idéologies médicales. En France surtout !
Loin donc d’avoir imposé par la force, le Coran ne s’est répandu que par la persuasion.
C'est une plaisanterie ! D'abord le Coran a mis deux siècles au moins avant de prendre la tournure que nous lui connaissons et la plupart des musulmans qui s'en réclament en ignorent presque tout.
Il est évident d’ailleurs que la persuasion seule pouvait amener les peuples qui ont vaincu plus tard les Arabes, comme les Turcs et Mongols, à l’adopter.
Voilà un raccourci qui mériterait d'amples développements, il s'agirait plutôt de la simplicité apparente évoquée plus haut. D'autre part, l'emprise du formalisme extérieur et l'architecture domestique des pays d'Islam montre que l'on a toujours privilégié le secret de cette même vie domestique, ce qui a favorisé toutes sortes de déviations sectaires et de complot, bref un climat de disputes intestines...
Dans l’Inde, où en réalité les Arabes n’ont fait que passer, le Coran s’est tellement répandu qu’il compte aujourd’hui plus de cinquante millions de sectateurs.
Ce n'est pas le Coran mais l'Islam qui s'est répandu et il s'est répandu par la violence et des destructions à tel point que le bouddhisme tibétain a conservé dans les doctrines relatives à Shamballah et Kalachakra des exécrations qui visent d'abord l'Islam et ensuite les religions monothéistes, ce sont des choses qu'il ne faut pas avoir peur de rappeler et qui sont d'autant plus significatives qu'elles émanent d'une religion à priori connue pour son pacifisme et son rejet du système des castes !
Leur nombre s’élève chaque jour; et, bien que les Anglais soient aujourd’hui souverains du pays, bien qu’ils y entretiennent une véritable armée de missionnaires destinés à convertir au christianisme les mahométans, on ne connait pas un seul exemple authentique de conversion ayant couronné leurs efforts.
C'est un fait mais qui ne prouve pas la vérité de l'Islam d'une part, d'autre part cette relation des faits est très sujette à caution. Avant la construction du canal de Suez, beaucoup de résidents anglais avaient adopté certaines mœurs locales en prenant comme compagnes des femmes du pays certes hindoues plus que musulmanes et ce n'est qu'après que les femmes ont pu rejoindre leur maris sans avoir à contourner toute l'Afrique que ce missionnerait s'est développé. Alain Daniélou n'est pas fiable pour l'histoire ancienne de l'Inde mais c'est un bon guide pour sa partie moderne...
La diffusion du Coran en Chine n’a pas été moins considérable. Nous verrons dans un autre chapitre comment la propagande de l’islamisme y a été très rapide.
Bien que les Arabes n’aient jamais conquis la moindre parcelle du Céleste Empire, les mahométans y forment aujourd’hui une population de plus de vingt millions d’individus. »
Je ne connais pas les détails de la diffusion de l'Islam en Chine mais quoiqu'il en soit le chiffre donné est très sujet à caution.
Gustave Le Bon était une sorte de "ravi"
Il ne semble pas s'être converti mais il n'en n'était assurément pas loin !
Sur un site musulman exploitant le penchant de Le Bon envers les Arabes, on lit ceci :
Mahomet supportait toutes les persécutions avec une grande douceur, et son éloquence entraînante lui attirait chaque jour de nouveaux disciples.
Il suffit de se référer à ce Que Remy Brague a dit à propos des gênes d'intolérance de l'Islam pour comprendre à quel point ce qu'on vient de lire est la pire des contre vérités. Rappelons que Mahomet a fait assassiner une femme et son bébé qu'elle allaitait encore, il a suscité un traquenard en vue de l'assassinat d'un poète qui s'était fichu de sa poire. Bref, la tradition témoigne qu'il ne supportait pas la moindre ironie. Tout comme ses disciples aujourd'hui qui, lorsqu'ils sont confrontés à des évidences, les nient sans vergogne !
Les Arabes réussirent en quelques siècles à transformer matériellement et intellectuellement l'Espagne, et à la placer à la tête de toutes les nations de l'Europe. Mais la transformation ne fut pas seulement matérielle et intellectuelle, elle fut également morale. Ils apprirent, ou au moins essayèrent d'apprendre aux peuples chrétiens, la plus précieuse des qualités humaines : la tolérance.
On ne peut pas nier l'existence de vertus parmi certains gouvernants (Saladin) mais ce dont on parle ne vient pas des arabes mais surtout de convertis persans et de divers courants culturels ou spirituels qui ont entrepris de tenter de transformer l'Islam de l'intérieur, c'est ainsi que le soufisme m'apparaît comme une greffe néo-platonicienne non exempte d'influences chrétiennes (Ibn Arabi, voir Asin Palacios).
Ce que nous enseigne "Muezza" la chatte adorée de Mahomet
Enfin il faut se souvenir que la légendologie musulmane a prêté à son prophète toutes sortes de traits de caractères dont certains très positifs, ce qui explique l'existence d'un certain esprit chevaleresque.
Seulement les thuriféraires on été trahi par leur excès de zèle. Mahomet passe pour avoir beaucoup aimé les chats. Deux anecdotes en témoigneraient. Un jour que Muezza allait enfanter et s'était réfugiée dans sa manche, il l'aurait coupée pour se rendre à la prière afin de ne pas déranger la bestiole. L'original de cette histoire est chinois et c'est l'histoire d'un empereur qui préférait les minets aux minettes, sauf qu'au lieu de quatre pattes, l'objet de sa dévotion n'en avait que deux !
Il faut se rappeler également que l'anecdote chinoise a inspiré la création fictive d'un "Ordre de la Manchette" en pleine période révolutionnaire.
La dévotion hagiographique quand elle devient excessive confère parfois un semblant d'innocence qui ne peut se solder, de la part des "infidèles", que par un immense éclat de rire. Cette erreur de casting est bien la preuve qu'une fois de plus, les fabricants de la légende en arrivent à fabriquer d'énormes bombes à retardement !
J'adore les chats et ils me le rendent bien mais de là à devenir mahométan, c'est pour ainsi dire une autre paire de manches.
14:29 | Tags : affaire schuon - rené guénon - islam | Lien permanent | Commentaires (0)