Le diapason à 432 Hz est-il doté de vertus ésotériques et/ou thérapeutiques particulières ? (01/09/2019)

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Il y a un bon moment que j'assiste à la création d'un mythe autour du diapason à 432 Hz.

Le n° 123 de Nexus a consacré plusieurs articles à des thèses relevant de la musicothérapie. L'un de ces articles prétend que l'accordage sur un La à 432 Hz aurait des effets particuliers sur le corps.

C'est évidemment faux et même archifaux et s'il est un domaine où les élucubrations de crétins ignares autant que prétentieux a bien le don de m'énerver, c'est quand des gens qui n'ont pas la moindre idée de la complexité de l'évolution des théories et des pratiques musicales se mettent à produire des inepties en cherchant à faire école pour, éventuellement, gagner de l'argent.

L'image ci-dessus est assez "symbolique" en ce sens qu'on y voit une femme censé être "extasiée" par la fréquence de 432 Hz, ce qui me fait dire que pour trouver une différence entre une même pièce jouée à 432 Hz ou à 440 Hz, il faut être passablement ... hystérique.

Les "diapasons thérapeutiques" un délire furieux !

Voici une image de la liste des diapasons disponibles :

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Si vous voulez vous rendre sur le site pour vous extasier sur la montagne de connerie qu'implique cette multitude de son fixes, cliquez sur l'image.

Une expérience "fondamentale" pour commencer

Mais ne soyez pas idiots ! Chaque diapason possédant un "manche", vous pouvez vous le carrer dans l'orifice le plus proche du chakra inférieur et demander à un aide de le faire résonner délicatement, il ne se passera rien ! Il existe pour cela des gadgets réputés plus efficaces et notamment un article qui, à l'origine, aurait été conçu pour soigner les prostates vieillissantes par des massages très appropriés. Cela dit, pour ma part je préfère recourir à des plantes traditionnelles qui, convenablement traitées selon la méthode spagyriques restent d'une grande efficacité. La méthode ajoutant, aux extraits hydro glycéro alcooliques, une calcination et un lessivage des principes minéraux, ça ne se trouve pas chez les apothicaires, au demeurant peu nombreux à avoir conservé un "préparatoire". 

Certes, je veux bien admettre qu'étant très masculin et ayant horreur de tout ce qui est trop spécifiquement féminin, je dois être assez "bouché" de ce côté là mais enfin il faut d'abord commencer par comprendre, pour en revenir à notre sujet, que la musique repose sur un jeu d'intervalles entre les sons (mélodie) auxquels on peut appliquer des rythmes particuliers. Aucun son fixe n'a de pouvoir par lui-même !

Romieu et la longue marche vers la normalisation d'un diapason

Enfin réfléchissez ! Le concept de fréquence d'un son est chose relativement récente et ce n'est vraiment qu'au XIXème siècle que l'on a pu commencer à les mesurer. Mais l'obsession pour les valeur de "sons fixes commence" avec Joseph Sauveur (1653-1716), il s'agit de l'inventeur de l'acoustique. Montpellier a vu un autre académicien s'illustrer dans le même domaine, Jean-François Romieu dont un portrait, jusqu'alors inédit, figure dans la livre évoqué plus haut qui fut dégoté en cherchant d'éventuels descendants par le Minitel.

Diapason, ton de chapelle, ton de chambre, ton d'Opéra

Quand on constate que dans l'article de Wikipedia sur le diapason, les auteurs n'ont pas été foutus de mentionner les différents tons en usage autrefois, et leur application, c'est à se la prendre et se la mordre !

Mais ne soyons pas "masos", à tout prendre mieux vaut être sadique et fouetter, au moins virtuellement, le genre d'imbéciles incultes que fabrique, particulièrement dans certains domaines, notre société post moderne.

Si dans cette encyclopédie collaborative, une rubrique souffre de beaucoup d'incompétence, c'est bien celle de la musique en général. Bien évidemment, je ne vais pas me gendarmer pour mettre de l'ordre dans ce capharnaüm. On a vu ce que ça a donné avec l'article sur Charbonneau-Lassay et pourtant il s'es agi d'un record de durée, l'ajout ayant duré environ 6 ans... 

Il y a avait donc dans chaque ville, 3 diapasons éventuellement variables d'une ville et d'un pays à l'autre. Le ton de chapelle s'applique aux orgues, le ton de chambre aux ensembles instrumentaux de cour, le ton d'Opéra étant adapté au répertoire lyrique.

On s'est contenté de relever divers diapasons sans jamais chercher à déterminer l'existence d'éventuels rapports de proportion entre ces nombreux diapasons.

Mesure du diapason en "pieds"

Dans un orgue, le diapason est représenté par un tuyau de 8 pieds de longueur. Un registre de 4 pieds sonne une octave plus haut, le 2 pieds 2 octaves plus haut, le 16 pieds une octave en dessous etc. etc... On monte jusqu'au 1 pieds + d'éventuels décalages pour obtenir certaines harmonique. Exemple la Tierce 1 3/5 pour "colorer" un ou plusieurs fonds ou même un plein jeu d'esthétique germanique.

La longueur du pieds variant d'un pays à l'autre, il est possible que les variations de base des différents tons reposaient sur l'inégalité des "pieds" (de Roy) en usage.

Le système métrique à fait perdre l'architecture des système anciens de poids et de mesures, et il a été prouvé que ce système proportionnel étant en rapport, par exemple avec les poids spécifique de certains métaux.

Ce que l'on découvre lorsqu'on étudie les anciennes méthodes de filage des cordes de clavecin (Cf les travaux de Rémy Gug dans Musique Ancienne, réf note 3 p. 260 du Tempérament musical). Il faut ajouter, à ce propos, que les cordes de fer doux ont bénéficié d'un système de métallurgie aujourd'hui disparu, savoir les bas-fourneaux où l'on incorporait au fer des branchages encore verts... D'où une structure cristalline différente, en aiguilles, favorisant la tenue du son. On notera en passant que pour le cuivre c'est la catastrophe : le cuivre actuel étant électrolytique, il ne vaut rien, il faut le "saloper" pour le rendre utilisable sans qu'il soit possible de retrouver la qualité des cordes produites jusqu'au XVIIIème siècle... ! 

Les diapasons légaux

C'est en 1859 que, par décret, le diapason a été fixé à 435 Hz. Il est monté à 440 Hz avec l'avènement de la radio-diffusion et il a tendance à grimper depuis.

Le diapason à 432 Hz aurait été fixé pour peu de temps en Italie sur la demande de Verdi qui connaissait bien le ministre des armées, lequel l'a imposé à toutes les fanfares militaires.

Il est faux de dire que 432 aurait été le diapason moyen en France. Le diapason des instruments à claviers était plutôt à 392 Hz ce qui correspond grosso modo à notre Sol quand le Là est à 440 Hz. Les baroqueux ont adopté une moyenne de 415 Hz pour leurs instrument anciens mais c'est un simple compromis.

L' OREILLE dite "ABSOLUE" est une INFIRMITÉ !

Un chirurgien urologue, Gérard Zwang a déclaré la guerre aux diapasons flottants des baroqueux et s'est rendu parfaitement ridicule en se vantant de son "oreille absolue" et en voulant imposer le La 440 Hz à des compositeurs comme Mozart, Haendel... qui doivent en rigoler s'il sont encore quelque part dans le "monde intermédiaire" à contempler la folie ambiante...

Zwang est aussi un sexologue qui s'est fait remarquer par la publication d'un Eloge du con... Bref, l'objet de son étude et de sa fascination a fini par déteindre sur cet "anatomicien" complètement starbé...

Le diapason je m'en tape ! Si on me demande de chanter un La, j'ai dans l'oreille le La du téléphone mais si je débarque sur un orgue ancien, je ne fais attention qu'au timbre et "au tempérament", c'est-à-dire à la couleur des différentes tonalités. Si j'ai 3 bémols à la clef, je m'attends à quelque chose d'assez particulier et de plus ou moins "tendu" dans le mode mineur... Et il faut tout la science de l’exécution des "bonnes et mauvaises notes" pour amener le moindre Lab qu'il ne risque de tomber comme un cheveu sur une soupe !

Tétracordes grecs, modalité, "gamme naturelles", et tempéraments

Un organiste qui se respecte a devant lui un répertoire qui commence au XIV/XVème siècle qui n'a cessé d'évoluer quand au style d'écriture, aux systèmes de notations utilisées (hauteur et rythme), et aux moyens d'exécution (doigtés anciens). Il se doit, s'il veut faire son métier correctement d'être un esprit curieux et de forcément devenir érudit. Ce qui risque de lui causer des problèmes vu l'évolution du rituel post Vatican II...

Le fond ancien de la musique d'orgue est pour une large part dérivé de danses et de chansons profanes + des thèmes puisés dans les hymnes du répertoire liturgique. Survient le contrepoint (polyphonie). On arrive au XIXème à la musique romantique qui est sans commune mesure avec ce qui l'a précédé pour finir par une dilution complète de toute l'ancienne architecture tonale : dodécaphonisme et à la fin apparitions de simples bruitages discontinus... J'appelle ça des "batailles de chats..." Bref, du grand n'importe quoi

La notation devenu usuelle c'est la tablature italienne, et pour les seuls claviers, différents systèmed nationaux de tablatures sont existé qu'à défaut de pouvoir couramment lire est exécuter, on doit savoir déchiffrer pour en restituer les textes en tablature italienne. Qui n'est certes pas le meilleur système mais peut-être le plus mauvais ! Il faudrait peut-être se décider à partager les voix entre portées selon le partage qu'on peut en faire entre les deux mains disponibles. Les pièces instrumentales anciennes qui découlent des compositions purement vocales étant d'une lecture très malaisée.

Pour la musique de clavier, on n'a pas toujours eu recours le "passage du pouce". On a des pièces de Bach doigtées à l'ancienne. On montait ou descendait les gammes avec 2 doigts. Mais les doigtés changent avec les pays. En 2009, Dominique Ferrand a commencé de publier une mise en ordre mais ceux qui ont appris le clavecin dans les années 80 dans la classe d'Huguette Grémy-Chauliac (de la lignée de Geoffroy-Dechaume) ont du compléter les exemples qu'ils ont eu à travailler par des recherches personnelles avec la nécessité d'opérer des traductions car il n'y avait pas grand chose en français.

Le mesurage dont découle des valeurs de notes inégales (non écrites) nécessite de remonter loin en arrière. Dans Louis Couperin, par exemple, on se heurte parfois à des énigmes car les mesures étant encore inégales, en prenant un parti basé sur une introduction il arrive que cela bloque rapidement. Il y aurait 2 choix possibles, une exécution lente et une rapide. Je reste sur un doute...

Revenons au fondement des échelles musicales traditionnelles

Dans le système pythagoricien, tous les sont sons dérivés d'une suite de quinte pures, dont les fréquences sont ramenées dans une octave. Les intervalles sont écrits sous la forme de rapports arithmétiques.

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Cette représentation est fermée. En réalité les quintes formes une spirale infinie et donc ouverte. De Fa à Si on a les 7 notes diatoniques. Et on continue par Fa# Do#. En procédant en sens descendant on va avoir des bémols...

J'ai eu du mal a trouver un cercle commençant au Fa. Cela me rappelle une critique à propos de Arthur Reghini pour qui la gamme d'Ut (façon Arezzo) correspond à la tonalité la plus parfaite. Or le "premier ton" dans les modes ecclésiastiques en usage du XVIème au XVIIIème siècle est le ton de Ré (Chailley appelle ces tons "tons théoriques des organistes" (???)).

Ainsi, dans les orgues espagnols la coupure entre basses et dessus (jeux solos) est située entre Do et Do# pour favoriser le quiebro (ornement en forme de double mordant) sur la tonique de départ.

Mais en France on faisant la coupure entre Si et Do avec, à la clef, les hurlements d'un conservateur puriste quand l'organiste, avec la bénédiction du facteur restaurateur, décide d'occulter l'Ut indésirable en glissant une petite feuille de papier sous le pied des tuyaux de cornet jugés indésirables...

Dièses et bémols (altérations) n'existent pas !

Notre perspective est faussée par la vision que nous avons du clavier d'un piano.

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Il existe 2 systèmes de noms de notes. Le système de Guy d'Arezzo basé sur un hymne Ut queant laxis et le système anglo saxon qui est alphabétique.

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Le bémol qui abaisse une note d'un demi ton environ vient du B moll ou Si mou en bon français. Le Bécarre qui rétablit une note altérée à sa valeur dérive de B carré ou B dur tandis que le Dièse dérive d'un micro intervalle pythagoricien. Les termes employés pour désigner un élément de la théorie n'ont souvent qu'un lointain rapport avec ce qu'il désignaient au départ.

Il n'existe de "notes altérées" que par rapport au sept notes de la gamme dite diatonique mais le mode de génération est unique.

Le chiffrage des intervalles musicaux

Si vous demandez à Google un chiffrage des intervalle musicaux, y connaît pas. Ce "connard" vous répond chiffrage des accords. Vous tombez sur le chiffrage en usage dans la basse chiffrée. Un chiffrage "fondamental" aux antipodes du chiffrage connu des guitaristes qui chiffre par le haut. Un claviériste doit trouver, au petit bonheur, la basse sur laquelle appuyer l'accord indiqué... C'est cet abominable merdier qui est imposé aux organistes lorsqu'ils doivent soutenir des "cantiques" assez généralement ni faits ni à faire... Dieu merci, ce souci ma été épargné...

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Ce qui nous intéresse c'est ceci :

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Il s'agit des intervalles principaux de la gamme pythagoricienne. Or à partir du XIIème environ on a voulu (apparition du Gymel) des tierces de 5/4 pour les majeures et 6/5 pour les mineures. On y viendra.

Les tétracordes grecs

Deux tétracordes forment une octave (Do-Fa et Sol-Do). Il existe une infinité de manières de remplir ces intervalles de quarte sauf que dans la musique traditionnelle, les intervalles doivent découler du cycle de quinte pures. De sorte que sur un piano ou un orgue, que l'instrument soit accordé en tempérament égal ou selon une partition inégale, le résultat est le même : l'exactitude des notes est faussée car dans l'un et l'autre cas, le tempérament est un compromis très artificiel qui s'est soldé par une division arithmétique de l'octave en 12 demi-tons parfaitement égaux.

La modalité

Je renvoie les lecteurs intéressé au livre de Jacques Chailley intitulé L'imbroglio des modes. Il révèle quelque part que le contenu exact des modes grecs est perdu.

L'échelle musicale n'est qu'un élément des "modes" qui devaient comporter des types d'ornementation et il est possible que l'on puisse retrouver ce dont il s'agissait en se penchant sur la théorie de la musique indienne sauf qu'Alain Daniélou est complètement passé à côté...

Enfin si on cherche à râga, on constate, dans les définitions modernes, que le mode est entendu exclusivement comme étant un type d'échelle musicale couplé avec un ensemble de comportements mélodiques caractéristiques, notamment en relation avec une note de référence (appelée «finale», «tonique»). Et le "mode" vu sous cet angle ne serait qu'un des aspects des râgas (??). Je crains qu'il ne faille inverser la proposition et considérer que "modes " et "râgas" pourraient avoir été superposables dans la musique grecque. Car aux "râgas" sont assignés une temporalité précise...

Le propre des modes antiques était d'interdire toute modulation (changement de ton dans une même pièce). Justement c'est pourquoi il a fallu inventer les "tempéraments" pour favoriser le passage d'une tonalité à une autre et dans cette perspective, le plus souple est évidemment le tempérament égal. Et la musique occidentale a réduit les modes à n'être plus que 2 le majeur et le mineur.

Modalité et musicothérapie

Il est inutile de discuter sur le fait qu'une fréquence seule ne peut avoir d'effet, d'autant plus que le son d'un diapason est pur et donc pratiquement dépourvu d'un timbre particulier.

Or la musique moderne qui comporte dans une même pièce la possibilité de variations de ton, de timbre, d'intensité et donc susceptible de passer d'une chose à son contraire est, par nature même, impropre à une usage musicothérapeutique ! 

Excepté quand il s'agit de formes anciennes et répétitives comme par exemple une chaconne.

Voici une interprétation de Helmut Walcha qui n'est pas mal et qui a l'avantage de donner la partition

On voit qu'elle comporte 4 bémols, ce qui en tempérament inégal, donne un climat vraiment particulier que je qualifierai d'assez "douloureux". Si on "colle" trop les notes telles que les la et les Réb, çà devient inaudible, d'où l'obligation d'un tempo relativement lent. Il faut, pour les croches s'appuyer, sur la bonne notes du style FA sol LA a si DO de façon à produire une ondulation sensible et à donner un tour très lyrique au thème. Ensuite les bonnes et les mauvaises notes s'observent aussi dans les doubles croches sauf qu'il faut mettre en valeur, les premières des séries de 4. Je tâcherai d'enregistrer un exemple.

Les nuances que j'évoque s'obtiennent par des "silences d'articulation" variables (voir un traité d'un certain Engramelle) entre les notes avec plus ou moins d'inégalisation du rythme des valeurs courtes. L'inégalité de rythme étant la plus marquée en France comme dans la célèbre Marseillaise où les croches s'entendent comme croches pointés suivie d'une double.

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Ci-dessus un exemple de partitions moderne où le mode d'écriture simplifiée des marches est utilisé. Il est néanmoins clair qu'il faut pointer les croches selon un mode assez variable. 

Pour la fameuse chaconne, voici l'interprétation que je trouve la plus accomplie et où le balancement désiré est sensible et où les changements d'orchestration sont particulièrement bien amenés. Il faut noter que ce genre de pièces est, pour ceux qui y sont très sensible, est très "addictive". Je ne suis pas d'accord avec la fin, on doit éteindre progressivement le son pour terminer sur une réexposition du thème assez plaintive et quasi confidentielle sur un fond plutôt flûté. l'orage final qui termine cette exécution est un contresens.

Voici une autre interprétation au clavicorde qui accentue le côté danse avec en fond une prestation de "Hip Hop" un peu décalée et quelque peu "coïncée".

Voici encore celle de Van Asperen au clavecin : le pauvre grince des dents, il doit avoir souffert dans se jeunesse de certains parasites intestinaux et devrait sans doute prendre un remède homéopathique appelé Cina.

J'ai beaucoup appris du clavecin mais il tend à blesser mes oreilles et je trouve que les changements de registrations auxquelles se prêtent volontiers les pièces à variations sur l'orgue on peut s'en passer. Les variations du toucher inégal a l'ancienne sont bien suffisantes pour animer la pièce lorsque l'on arrive aux variations les plus virtuoses. Pas besoin d'utiliser toute la "quincaillerie" d'un méga instrument...

Ce qui est intéressant dans le type même de la chaconne, c'est la répétition du thème sous forme d'obstinato, il faut le faire ressortir comme s'il s'agissait d'une basse de viole. C'est dans cette répétition que réside la "magie" musicothérapique de telles pièces.

On est là dans le vaste domaine d'un certain tarentisme en rapport avec la piqûre de petites mygales répandues dans le Sud de l'Europe.

Elles sont à l'origine d'un remède homéopathique qui fait merveille sur les chattes en chaleur quand, par leurs "danses", elles incommodent leurs maîtres et leur entourage éventuel. Un petit pschitt d'une solution en 9 Ch dans la gueule et les petites diablesse se calment en 10 ou 20 secondes, montre en main... 

Voici pour comparer une prestation sur un orgue portatif d'une des premières musiques notées pour le clavier type Buxheimer Orgelbuch. Noter le caractère expressif de l'instrument avec son vent direct permettant par le doigt et le bras de faire palpiter chaque note. Mais il y a quelque chose de plus remarquable à noter pour ceux qui se sont penchés sur les doigtés archaïques. On trouve dans les doigtés germaniques des enjambements contre nature style 3 par dessus 4 qui sur un tel clavier court avec une main en "pointe de flèche" presque // au clavier permet des acrobaties impossibles ou du moins assez malaisées pour une main perpendiculaire au clavier. sauf que l'on retrouve le type de doigté que j'évoque chez les italiens.

Soit en passant cette littérature ne convient qu'à un certain type de "positif".

Voici, à titre de comparaison, pour ce style de littérature un massacre en règle signée d'une dame Duchemin sur un orgue espagnol qui pourrait encore se prêter à une restitution correcte à la condition de réserver les teneurs à un fond flûté. Et aussi de comprendre que le rythme indiqué est une simple figuration très approximative.

"Gammes naturelles", "puritanisme musical" et "tempéraments"

L'échelle pythagoricienne ne produit qu'un seul intervalle pur, la quinte. Tous les autres intervalles comportent plus ou moins de battements et la tierce pythagoricienne a été jugée trop agressive à partir du XIIème siècle, on a donc tendu à la corriger.

En 1529 apparaît la première description d'un accord favorisant les tierces pures. Pour y parvenir on rabote chaque quinte de 1/4 de comma dit syntonique. Ce sont donc les quintes qui deviennent fausses. Mais dans un buffet d'orgue la contention des sons fait qu'une quinte sonnant sur une tierce pure tend à s'aligner sur elle d'où une plus grande plénitude de l'accord que ne devient "parfait" qu'en s'évadant de la règle (...) pythagoricienne imposant des tierces criardes.. 

Malheureusement, ce phénomène n'est pas reproductible par l'électronique même si la simulation d'orgue par ordi a atteint un réalisme assez saisissant. Il faut nécessairement être passé par un instrument à traction mécanique "suspendue" pour s'approcher de l'effet désiré. Le propre des instruments anciens encore dans leur jus étant de vous prendre par la main et de vous souffler ce qu'il convient de faire. J'ai vécu cela particulièrement à Entrevaux sur un instrument avec des côtés un peu ibériques...

Pendant des siècles on s'est ingénié à vouloir créer des gammes prétendues "naturelles" ne contenant que des intervalles purs. Ce challenge impossible coïncide très exactement avec la vogue d'une certaine philosophie dite "naturelle", une philosophie et même une théologie morale visant essentiellement à éliminer des tendances assez naturelles comme celles qui prédisposent éventuellement à préférer s'esbattre entre gens du même "genre". Oui la vogue de ces gammes où dont on a voulu écarter tout intervalle impur coïncide très exactement avec l'apparition d'une véritable hantise de la (...) sodomie

Je suis désolé mais la synchronicité entre deux ordres de phénomènes certes différents est bien la preuve que les temps sont porteurs d'une qualification dont les effets ne peuvent s'envisager qu'au travers d'une vision purement analogique. C'était justement l'intérêt de l'oeuvre de Guénon quand elle s'est axé sur le symbolisme que d'aider à développer une façon de fonctionner traditionnelle

Il n'était pas possible, dans un livre aussi "académique" tel que celui que j'ai évoqué de dire les chose aussi crûment. Page 36 on est averti qu'en voulant projeter sur la nature une vision par trop idéaliste, on s'expose à rencontrer de nombreuses exceptions qu'il faut camoufler... 

Une ligne plus loin, l'attention du lecteur est attirée sur une marotte de St Thomas d'Aquin, à propos de problèmes contingents que l'Europe moderne n'a jamais su résoudre de façon satisfaisante. 

Pour en finir avec les "tempéraments", les formules inégales qui résultent en fait de "bricolages" ont l'avantage de procurer à chaque tonalité une couleur et des nuances qui ont complètement disparu avec l'avènement du tempérament égal, avènement qui coïncide exactement, en France, nation pionnière en la matière, avec l'apparition du fameux système métrique.

Finalement, si le livre dont il est question constitue une bible indépassable sur le sujet, et donc un ouvrage incontournable pour les facteurs d'orgue, de mon point de vue, les deux idées les plus décisives sont d'une part la coïncidence entre l'apparition d'un certain puritanisme moral et la genèse de gammes ne voulant accepter que des intervalles consonants, c'est à dire vierges de tout battements. Or en musique, il faut nécessairement des dissonances passagères pour magnifier les résolutions harmoniques par des accords sonnant avec un maximum de plénitude.

Quant au système métrique, comme le tempérament égal, l'invention de ces deux horreurs s'est soldée par toutes sortes de pertes considérables au sujet desquelles je ne puis m'étendre. Voir certaines annexes du livre.

L'histoire de la théorie musicale : une histoire de bric et de broc

Il faut une tête particulièrement bien ordonnée pour, dans le fatras que j'évoque, s'y retrouver. 

Le livre dont on parle envisage les choses sous un angle essentiellement symbolique. D'où la révélation de formules de tempérament conformes à l'esprit de certaines nations. Tempérament hautement pythagoricien dans l'orbe de la culture germanique demeurée assez franchement "gothiques" jusqu'à l’avènement d'un sinistre moustachu...

Hormis les simplifications abusives des musicothérapeutes collectionneurs de diapasons censé posséder des vertus intrinsèques liées à une fréquence particulière, un autre écueil consiste à sortir de la figuration des intervalles par fractions (comme 3/2 pour la quinte, 5/4 pour la tierce majeure tempérée) pour se noyer dans de longue suite algébrique au point qu'il faille être un virtuose de l'analyse mathématique pour y comprendre quelque chose. Si toutefois il y aurait quelque chose à comprendre.

Il ne faut pas oublier que les Anciens n'avaient à leur disposition que le monocorde pour fixer les intervalles.

Par exemple, ce n'est pas parce qu'on a retenu comme échelle la plus répandue une suite de 7 sons qu'il faille nécessairement établir une relation avec d'autres systèmes comportant également 7 articles. C'est retomber dans l'erreur consistant à croire qu'une note, donc une fréquence déterminée, posséderait par elle-même une signification et une influence également étroitement caractérisée. 

Il me semble que toutes ces histoires de diapason ont commencé par des divagations sur les notes de la musique chinoise quand on prétend par exemple leur assigner une correspondance planétaire. Il faudrait sans doute réécrire le livre d'un certain Amiot sur la musique des chinois selon un système de transposition intelligible pour savoir de quoi on parle...

En matière de thérapeutique informationnelle, on peut sans doute réduire bien des remèdes à une signature électromagnétique. Sauf que ladite "signature" est forcément un ensemble extrêmement complexe d'interpénétrations de fréquences moyennant une amplitude et des formes d'ondes variables. En somme c'est à chaque fois une pièce de musique différente. J'observe par exemple qu'il existe des tableaux de fréquences censés être létales pour tel ou tel micro organisme mais je ne sais pas si çà marche.

C'est toujours cette manie des correspondances très occultiste qui est à l'oeuvre... Je pense à cette entreprise démentielle que fut un certain Archéomètre lequel, avec la thèse d'un Roi du monde a provoqué chez Guénon des crises de priapisme dont il aurait pu se passer. Une sorte de délire "érotique" qui a fait beaucoup d'effet à un certain (...) Tadaga (Tsoin Tsoin !)...

La musicothérapie contemporaine

Je trouve qu'elle est d'une insigne pauvreté. La meilleure musicothérapie ne consiste pas à écouter de la musique mais a apprendre à en faire. Mais c'est un exercice dangereux. Il faut savoir choisir celle qui convient pour par exemple faire passer la mélancolie quand c'est nécessaire comme cela se disait chez et au temps des virginalistes anglais... 

Enfin, j'ai écouté du Verdi en 432 Hz et ça ne m'a fait, ni chaud, ni froid. Et ce qu'il y a de plus risible c'est que quelque soit le diapason choisi on calcule les diverses notes en "tempérament égal". Tout cela est forcément d'une stupidité abyssale ! 

La musique est, d'une manière générale, sans doute le domaine où l'on compte le plus de charlatans, d'imposteurs, d'ignorants prétentieux aptes à se transformer assez souvent en malades mentaux parfois excessivement toxiques...

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