Hommage à Anne-Marie Delcambre, honte à Michel Orcel ! (13/10/2016)
Anne-Marie Delcambre, décédée en janvier de cette année 2016, d’un méchant cancer est sans doute partie trop tôt. Devenue agnostique selon ses dires, elle a choqué par son franc parler et son aspect un peu scrogneugneu. Sa conception de l’élégance avec ses fourrures et ses coiffures improbables à la mode des années 50 datait un peu mais à la réflexion et quoique quelques rares individus dont l’auteur pense faire partie sont peu sensibles au « politiquement correct », il se trouve que les tendances allergiques que cette femme a pu susciter chez les auditeurs les mieux préparés à la clarté de son discours relevaient bien de l’influence pernicieuse d’une ambiance exécrable.
Anne-Marie Delcambre et tous les islamologues chrétiens voir cléricaux ont fait l’objet d’insultes plus ou moins ordurières de la part d’un certain Michel Orcel qui a prétendu restaurer la « dignité » de l’Islam en publiant un livre polémique et haineux chez Bayard, éditeur chrétien propriétaire du journal La Croix qui a entrepris de rééduquer les catholiques en les dressant contre ce « Front National » qui sert surtout à favoriser l’alternance régulière entre fausse droite et fausse gauche afin que rien jamais ne change.
Parenthèse au sujet de Michel Orcel
Michel Orcel est psychanalyste, romancier et traducteur et accessoirement amateur d’opéras italiens. Il s’est agrippé à sa qualité d’ancien élève d’Arnaldez pour prétendre parler de l’Islam, ce qui à mon sens n’était nullement nécessaire car pour avoir le droit de parler en démocratie il suffit d’être capable de tenir des propos sensés. Alors je me demande pourquoi ce psychanalyste, qui a vécu et vit ou passe beaucoup de temps au Maroc a éprouvé le besoin de défendre bec et ongles l’Islam.
Pour moi la vraie question n’est pas « pourquoi l’Islam » puisque l’auteur refuse de nous dire s’il s’ets ou non converti, mais bien pourquoi le Maroc ? Ce Monsieur aurait pratiqué la psychanalyse à Paris et à Marrakech, je cite Wikipedia : Formé à Paris et successivement analysé par Jean-Pierre Maïdani Gérard (SPF), Manuel Garcia Barroso (SPP) et Kathleen Kelley-Lainé (SPP), il a exercé à Paris et à Marrakech. Il est membre praticien de la Société de psychanalyse freudienne (SPF).
Le proche de la psychanalyse freudienne est d’être fondé sur ce que l’on appelle un « pansexualisme ». Il n’en va pas de même de l’Islam, toutefois les questions sexuelles occupent au sein de la religion de Mahomet une place bien plus considérable que dans le christianisme. En effet, qu’est-ce qui a excité à ce point les orientalistes si ce ne sont les images que l’on se faisait des harems princiers et d’une certain « pédérastie » assez endémique. Sauf que le mot pédérastie n’est pas adéquat puisque le goût pour les éphèbes en terre d’Islam n’a jamais, au grand jamais, pu revendiquer le moindre dessein « éducatif ».
Si l’on se pose la question de savoir quelle clientèle marocaine pouvait avoir besoin des services d’un psychanalyste au Maroc, il ne peut s’agir que de résidents français plus ou moins occasionnels. Vous allez sans doute penser au scandale d’un Jacques « Gland » et d’un Frédéric Mitterand célébrant Pierre Bergé à l’Institut du monde arabe. Mais je vous rassure de suite, ces gens là n’ont certes pas besoin de psychanalystes pour vivre en bonne intelligence avec les pulsions particulières qui font qu’en dépit de la condamnation des mœurs du peuple de Loth, le Maroc n’est pas loin, pour eux au moins, de ressembler au fameux paradis d’Allah. Il suffit en effet d’y mettre le prix mais tout est relatif, à 30 € de la nuitée (virus en prime) la déviance tend à devenir assez beauf . Si ceux que j'ai cités sont d’une arrogance telle que les scrupules de conscience les plus ordinaires ne peuvent les effleurer, il est sans doute des résidents plus timorés. Quand à savoir si la doctrine freudienne, qui fait de ce à quoi on pense un cas d’immaturité sexuelle, peut les aider, c’est une autre affaire dont je m’abstiendrai de débattre. Enfin et quoi qu’il en soit, pour en revenir au cas de Michel Orcel, je suis en droit de douter qu’il soit allé au Maroc pour y chercher une femme comme l’a supposé un admirateur de Madame Delcambre dans un forum de LibertyVox.
Peu importe de toutes façons la nature exacte de cette « Orientation » pour laquelle milite le « petit ours » de notre fable. Une chose est certaine : depuis la publication en français par un certain Galland (au nom prédestiné) des fameux Contes des Mille et Une nuits, toute conversion à l’Islam de la part d’européens de souche est toujours un peu suspecte de recouvrir des fantasmes sexuels plus ou moins conventionnels. Louis Massignon et le peintre Agueli, l’initiateur au soufisme de René Guénon n’ont pas échappé à la fascination de la réputation de virilité des Arabes en général et de l’Islam en particulier.
Pour en revenir aux attaques de Michel Orcel à l’adresse de dame Delcambre et autres écrivains et chercheurs européens réfractaires à l’Islam, le caractère excessif des insultes proférés à leur égard ne m’est apparu que progressivement mais à la réflexion qu’un éditeur réputé catholique se soit prêté à cette publication a bien quelque chose d’indécent, de suicidaire et résume bien une certaine « pathologie chrétienne » à base de repentance omniprésente.
Sur son « Invention de l’islam »
Je me suis efforcé d’acheter (d’occasion heureusement…) et de lire sans parti pris excessif son Invention de l’Islam publié chez Perrin. Sauf que je n’y ai trouvé aucun argument susceptible de modifier mes vues.
Concernant le témoignage de Jean Damascène et son traité des hérésies, Orcel se contente d’évoquer une thèse selon laquelle au moins une partie de cet écrit serait apocryphe mais sans avancer le moindre développement de cette idée.
A propos de la Doctrina Jacobi, qu’il interprète comme un texte apologétique de propagande chrétienne, ce que l’on peut admettre, certes il n’est pas plausible de mettre en scène un juif s’émouvant du caractère martial de la nouvelle religion pour en conclure que Mahomet aurait été un faux prophète. Mais qu’est-ce que cela change ? S’agit-il vraiment de prouver que Mahomet a bien existé ? Personnellement je n’en ai jamais douté.
Concernant, la Chronique du Khuzistan ou Anonyme de Guidi, il n’est pas douteux qu’il ait existé un culte abrahamique antique de la part des Arabes. Si Diodore de Sicile a bien évoqué un centre important, il pourrait bien s’agir tout simplement de Pétra mais peu importe, les travaux de Dan Gibson vont dans ce sens tout en écartant le Mecque moderne.
Concernant l’hypothèse judéo nazaréenne qui est assez propre au Père Gallez, Orcel l’admet sans que pour lui cela porte à conséquence bien qu’il admette au fond que l’Islam est constitué d’un ramassis de vues apocryphes et d’une haine anti paulinienne. Tout ce qu’il trouve à dire dans son premier livre c’est que l’on peut faire l’économie de la thèse de Gallez en lisant un texte d’un certain J. Habib Allah publié par un centre culturel bruxellois intitulé La première dissidence chrétienne et les origines de l'islam.
En vérité, ce texte très clair ne dispense pas de se pencher sur la thèse de Gallez qui si tout n’y est pas absolument fiable demeure fort riche de beaucoup d’explications de détails introuvables ailleurs. Il permet cependant d’éteindre un excès de curiosité et dans sa Réponse à la thèse d’Edouard-Marie Gallez vulgarisée par Olaf un certain Ahmed Amine Khelifa nous avait déjà fait le même coup. Sauf qu’en page 13, alinéa 3 il écrivait : une autre thèse qui situe la naissance de l’Islam a Petra en Jordanie me parait plus convaincante au regard des preuves avancées. C’est du reste cette mention qui m’a fait découvrir la Géographie Coranique de Dan Gibson que je me suis empressé d’acquérir.
Bref, s’il existe une sorte d’air de famille entre ce qu’à énoncé Orcel et ce qu’à écrit le dénommé Khelifa, le second est nettement plus intéressant en ce que ses deux textes, le second concernant sa Critique de la théorie de l’emprunt aramo-syriaque par Luxenberg sont l’occasion de faire un tour d’horizon, certes imparfait, des tendances diverses de l’islamologie européenne.
Enfin concernant, les manipulations du Coran, largement attestées par les écrits traditionnels avec collecte et destructions de recensions jugées non confirmes tout ce que l’auteur trouve à objecter c’est que les inscriptions figurant sous la coupole du rocher est quoique qu’un peu différente du contenu essentiel du Coran. Soit mais qu’est-ce que cela prouve quant à l’existence bien réelle de passage obscurs et rendus tels pas toutes sortes d’altérations plus ou moins discernables ?
Orcel s’est étonné de la différence de ton entre l’un des premiers ouvrages de Anne Marie Delcambre paru aux Editions de la Découverte et les ouvrages ultérieurs. L’explication est double qui me semble évidente, premièrement s’agissant d’un ouvrage à vocation pédagogique il se devait d’être neutre, ensuite il est possible que l’auteur n’ait découvert que progressivement certaines anomalies mais quoiqu’il en soit elles existent et je ne vois rien à réfuter à sa critique des Interdits de l’Islam ou à son affirmation d’une véritable schizophrénie…
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