Hanif et hanfisme comme symbole de pureté : un contresens extraordinaire ! (19/08/2016)
Le livre ci-contre d'un certain Tilman Nagel est fondé sur une thèse selon laquelle l'Islam serait issu d'un courant incarné par un idéal de pureté monothéiste qui aurait subsisté de façon souterraine depuis Abraham.
Jacqueline Chabbi dans son livre intitulé Le Coran décrypté a démontré que ce concept de hanifisme procède d'un parfait contresens : la racine hebraico-araméenne désigne quelque chose de profane et de souillé. Voir page 371...
Citation
(Sur le terme "hanif") p. 371
Quand à la pureté* prêtée à cette "voie" (millat)* d'abraham dans plusieurs passages coraniques, Cor. II, 135; IV, 125; VI, 161; XVI, 123, elle est désignée par l'emprunt d'un terme au sens tout aussi étrange et incertain **, celui de "hanif". A partir de d'une origine vraisemblablement syriaque, le sens coranique serait tout aussi décalé ou fondé sur une méprise, par rapport à l'utilisation dans la langue de départ.
En effet, les "hanpé" seraient (en syriaque) une désignation des "païens" héllénisés et proches des écoles philosophiques, dans les métropoles de la syrie du nord comme Harrân.
La racine hébraïco-araméenne apparentée donne le sens de ce qui est "profane" et "souillé", donc l'opposé de la "pureté" invoquée.
Il n'y a évidemment pas lieu d'ajouter le moindre crédit à un à une croyance largement répandue en milieu musulman, depuis la période classique des califats, et malheureusement reprise aujourd'hui encore par certains analystes, selon laquelle des "purs" (hanif; plur. hunafâ') auraient préservé, en Arabie même, une religion authentique et ayant échappé à toute déviation, qui dériverait directement de la Révélation initiale à Abraham.
Ces hommes préservés auraient ainsi servi de maillon intermédiaire entre la période "prophétique", selon le Coran celle d'Abraham et de Moïse, et l'époque de Mahomet. Encore faudrait-il qu'Abraham et Moïse eussent été de véritables personnages historiques, et non pas les héros emblématiques qui illustrent les récits d'une fiction sacrée. Le fait qu'ils soient revendiqués par trois grandes religions, apparues successivement dans le temps, que des fidèles innombrables croient en eux et les prennent comme références ne change rien à leur irréalité historique. du moins pour les deux plus anciens. L'historicité de Mahomet est quant à elle vraisemblable.
Avec le terme de "hanif", on semble avoir affaire à une nouvelle innovation coranique, dont le sens est mal maîtrisé, voire retourné. Au pis-aller, ne pourrait-on y voir une malice d'informateur qui aurait été prise au sérieux? Il est vrai qu'une dénomination dévalorisante, dans la langue de départ, comme les "ummoth" de l'hébreu, qui désignait les peuples "sans écritures" et donc exclus de la faveur divine, prendra en passant en arabe d'abord un sens relativement neutre, "groupes", "tribus", avant de devenir en contexte médinois la "umma", ou "groupe sur la bonne voie" des musulmans. Le mot sera dès lors perçu comme rattaché à la racine arabe 'MM qui délivre un sens de "guidance".
* "hanif".
**La "voie d'Abraham" (millat ibrahim) dont se réclame l'islam en opposition aux juifs et aux nazaréens déviants.
***...que le terme "millat".
21:04 | Tags : alexandre palchine, rené guénon, affaire frithjof schuon, islamisme, mahomet, coran, la mecque | Lien permanent | Commentaires (0)